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Premiers pas dans la vie active – Philippe Nurdin & Yann Orhon


Actualités . 03 Sep. 2021

Depuis quelques mois ils poursuivent leurs aventures en solo, depuis l’obtention de leur diplôme. Ainsi, Philippe Nurdin est lighting artist en freelance pour le studio Framestore et, de son côté, Yann Orhon a travaillé pour plusieurs studios et a décidé d’ouvrir le sien !

Rencontre avec Philippe Nurdin, co-réalisateur du film Last Groove, et Yann Orhon, co-réalisateur du film Donjon & Cie. Deux nouvelles interviews de jeunes diplômés de Cinéma d’Animation 3D et Effets Spéciaux qui nous racontent leurs débuts dans le monde professionnel.

COMMENT S’EST PASSÉE TA RECHERCHE D’EMPLOI ?

Philippe Nurdin (P.N.) : Au moment de la fin de notre formation à l’ESMA, le Covid ayant impacté notre domaine d’activité, la recherche de travail s’est avérée plus compliquée que prévu. Un nombre important de productions ayant été mises en pause ou ralenties, un certain nombre de studios n’étaient, à ce moment-là, pas forcément en recherche de nouvelles personnes pour renforcer leurs équipes. J’ai passé les 3 mois suivant la fin de la formation à postuler auprès d’un maximum de studios qui m’intéressaient. J’ai finalement trouvé dans un premier temps chez Inthebox à Annecy pour un démarrage début janvier en lighting / compositing sur une série cartoon.

Attitudes Grolls, Donjon & Cie
Attitudes Grolls, Donjon & Cie

Yann Orhon (Y.O.) : Le tout début a été compliqué, pour des raisons bien précises. Avec ma compagne, nous nous refusions d’aller à Paris, Londres, Los Angeles… On avait besoin de campagne et de rester proche de nos familles et amis. C’est un vrai choix de vie, clairement handicapant pour commencer une carrière. De plus, la plupart du temps, malgré le covid, les studios préféraient avoir quelqu’un sur place. Je pense que c’est particulièrement vrai pour les effets spéciaux, encore plus pour les juniors. Malgré tout, j’ai trouvé rapidement un peu de travail en freelance, en effets spéciaux, notamment chez noOne Studio.

QUEL EST TON POSTE ACTUEL ET EN QUOI CONSISTENT TES MISSIONS ?

P.N. : Actuellement, je travaille en tant que lighting TD pour le studio Framestore. Le Lighter a plusieurs objectifs qui peuvent varier en fonction des projets. Les principaux vont être de diriger le regard du spectateur vers le sujet et l’action, retranscrire les ambiances chromatiques décidées en préproduction, intégrer des sujets 3D dans des plans filmés ou encore optimiser les paramètres d’une scène et de l’ensemble des lumières présentes pour diminuer au maximum les temps de calcul des images.

Y.O. : Aujourd’hui je travaille chez Ellipse Studio, sur les Schtroumpfs, que vous pouvez apprécier le dimanche matin à la télévision ! Ma mission consiste à repérer des bugs avant l’étape de lighting, puis, selon le problème, à les réparer moi-même, ou à les transmettre au département concerné. C’est assez intéressant, car j’ai quotidiennement des interactions avec plusieurs départements (asset, rigg, lighting, production, pipeline etc.) Je travaille sur deux échelles de temps ; les scènes doivent fonctionner au plus vite pour avancer dans la chaîne de production et j’essaye de trouver des solutions pérennes avec les différents départements pour qu’un même bug ne revienne plus.

PEUX-TU NOUS RACONTER TES PREMIERS PAS DANS L’UNIVERS PROFESSIONNEL ?

P.N. : Ma toute première expérience professionnelle s’est faite en fin de deuxième année lors d’un stage en texturing et shading chez MacGuff Belgium à Bruxelles sur le long métrage d’animation Samsam. Je me souviens, les premiers jours, avoir un peu appréhendé parce qu’il est difficile de jauger son niveau sur une « vraie » production lorsque notre seule expérience avec la 3D se résume à des exercices de cours. Finalement cette première expérience s’est super bien déroulée, aussi bien sur le plan professionnel que relationnel avec le reste de l’équipe.

Ensuite, depuis ma sortie de l’école, j’ai eu un début de parcours un peu particulier dans le sens où j’ai déjà, sur cette courte période, été amené à changer plusieurs fois de studios. A l’origine, je devais travailler sur plusieurs saisons du projet sur lequel j’avais été engagé sur Annecy. Finalement, à l’issue de ma première saison, pour des raisons budgétaires au niveau du client, la production a, du jour au lendemain, été mise en pause durant plusieurs mois au grand désarroi du studio et de l’équipe. Ayant récemment déménagé sur Annecy, je ne pouvais pas me permettre de rester autant de temps sans emploi.

Keyshot, Last Groove
Keyshot, Last Groove

J’ai donc dans l’urgence recommencé à envoyer des CV et démo. Finalement, après 2 semaines de recherches, j’ai retrouvé un poste en tant que lighter chez Mathematic, cette fois-ci pour travailler sur un clip pour Coldplay. De plus, le studio me permettait de travailler à distance sans avoir à déménager sur Paris le temps du contrat. Ne sachant pas si le studio me prolongerait ensuite, j’ai continué à postuler de temps en temps lorsque je voyais des offres passer.

C’est ainsi que, pendant que je travaillais finalement sur un second projet chez Mathematic (de publicité cette fois-ci) j’ai été recontacté par Framestore qui me proposait un entretien pour un poste en lighting. N’ayant pour le moment pas envie de déménager sur Londres, le studio m’a offert l’opportunité de travailler à distance jusqu’à la fin de l’année avant de voir à l’issue de ce contrat et si je souhaite poursuivre avec eux, cette fois-ci sur place. Framestore possède son propre moteur de rendu et un pipeline assez complexe au premier abord, c’est pourquoi toute ma première semaine a été dédiée à de la formation avant de pouvoir commencer à travailler sur le projet pour lequel j’ai été engagé.

Y.O. : Ma toute première mission en freelance était pour noOne Studio. J’étais chargé des effets spéciaux. En l’occurrence, l’explosion d’un mur et du mobilier d’un petit salon par un dragon (un Pokémon). Les curieux peuvent le trouver sur youtube (Pokémon Dark Édition) ! C’était super bien ! Une bonne première expérience. Après, commencer à distance en télétravail, ce n’est pas le plus souhaitable, l’ambiance d’un studio ou encore les discussions avec les collègues plus expérimentés manquent réellement. Cependant, l’équipe était bienveillante, de bon conseil, et tout s’est bien passé.

extrait du court métrage donjon & cie esma
Extrait, Donjon & Cie

La période n’étant pas évidente, et m’ajoutant des bâtons dans les roues en refusant les grandes villes, je dois avouer que le début n’était pas évident… Je pensais que le télétravail serait plus présent avec le covid, mais finalement, en FX, en tant que jeune diplômé, ce n’était pas si évident. A force de chercher on trouve et maintenant l’avenir se présente plutôt bien ! Les choses s’accélèrent assez vite : de travail en travail et donc de rencontre en rencontre ! Le réseau et le bouche à oreille est un moteur essentiel dans la recherche d’emploi.

COMMENT AS-TU VÉCU CETTE ENTRÉE DANS LE MONDE PROFESSIONNEL ? CELA CORRESPONDAIT À TES ATTENTES ?

P.N : Mis à part le stress occasionné par ces différents changements (contrairement à ceux qui ont pu trouver dès le début un contrat sur une longue durée), j’ai quand même eu la chance de pouvoir enchaîner différents projets et expériences avec finalement très peu de périodes d’inactivités entre les contrats. Sur le plan professionnel, j’ai la chance de pouvoir travailler sur la spécialité dans laquelle je souhaitais m’orienter depuis ma seconde année de formation.

Y.O. : Mon cas est assez particulier… J’ai fait une dizaine d’années d’études, de l’ébénisterie au cinéma d’animation, en passant par l’architecture. Vous comprendrez facilement le soulagement de devenir professionnel, de toucher enfin un salaire, de faire des projets à long terme. Et puis finalement, ce que l’on fait en studio, l’ambiance de travail, les problématiques, tout ressemble très fortement à ce que l’on a vécu à l’ESMA, en particulier en dernière année. Remplacez la direction de l’école par la production, les enseignants par des superviseurs et vous voici au milieu d’un studio ! Même si les tout premiers pas dans le monde professionnel sont intimidants, je me suis vite trouvé assez à l’aise et confiant.

QU’EST-CE QUE ÇA FAIT DE TRAVAILLER SUR DES PROJETS PROFESSIONNELS ?

P.N. : C’est forcément très gratifiant de pouvoir travailler sur des projets à destination d’un public. Que ce soit pour du film, de la série, ou du clip, savoir que des gens vont passer un moment de détente ou de divertissement devant notre travail est source de motivation. C’est aussi la finalité de notre formation et de l’énorme quantité de travail fournie durant ces 5 ans, ayant pour ma part fait la MANAA à l’Esma avant d’enchaîner sur la formation 3D.

Attitudes du personnages Moog, Last Groove
Attitudes du personnages Moog, Last Groove

Y.O. : C’est très plaisant ! En voyant le premier épisode des Schtroumpfs sur TF1, ça m’a fait très plaisir, alors que que je n’avais pas travaillé sur celui-ci ! Je peux vous dire que ma famille, en particulier mon neveu, sont devenus de grands fans de la série. Le travail en lui même est intéressant et, comme je le disais avant, c’est très proche de ce qu’on expérimente à l’école.

APRÈS CES QUELQUES MOIS POST-ÉCOLE, QUEL REGARD JETTES-TU EN ARRIÈRE ? SUR TA FORMATION ET L’ESMA ?

P.N. : Une formation très rigoureuse et enrichissante. On ne s’en rend pas forcément toujours compte lorsque l’on a la tête dans les cours mais on sort de l’école avec tout le bagage nécessaire pour démarrer dans le métier même si, au vu du nombre d’outils différents et de la vitesse à laquelle évolue cette profession, la formation continue est une partie intégrante du métier.

Y.O. : Ces quatre années sont mémorables ! En particulier la dernière. La formation est dense et avec du recule je réalise la quantité astronomique de choses que nous avons apprises. Je pense sincèrement que nous avons été bien préparés et, en tout cas, je me suis senti à l’aise et outillé dès ma première mission. L’aspect généraliste de la formation est à mon sens un vrai plus même si chacun se spécialise un ou quelques domaines de l’animation.

QUID DU COVID ?

P.N. : Mis à part la baisse de recrutement lors de l’obtention du diplôme, la situation m’a permis de travailler depuis chez moi pour différents studios sans avoir à déménager en permanence durant ces premiers mois. C’est, je pense, à peu près le seul point positif qu’a eu le Covid.

Illustration, Donjon & Cie
Illustration, Donjon & Cie

Y.O. : En ce qui concerne le covid, ça a effectivement été un frein en tout début de carrière. Rencontrer des professionnels, trouver des opportunités, n’est pas évident sans sortir de chez soi. De plus, le télétravail s’est moins développé que je l’espérais. Il m’est arrivé plusieurs fois de manquer un poste car le travail à distance était impossible. Si la situation devait continuer quelques temps, ne vous découragez pas ! Avec le temps on trouve toujours et si vous êtes prêt à aller à Paris, Londres ou dans une autre grande ville qui accueillent des studios, il n’y aura pas de problème.

ET TES PROCHAINS MOIS, OU L’ANNÉE À VENIR, COMMENT TE PROJETTES-TU POUR LA SUITE ?

P.N. : Ce contrat avec Framestore va me permettre de me familiariser avec le milieu du VFX et de jauger si je m’y plais. Etant donné le peu d’expérience que j’ai, je ne sais pas encore si l’organisation au sein d’un gros studio me conviendra ou si je m’épanouirai plus sur du VFX que du cartoon par exemple. Pour le moment, ce qui m’intéresse le plus est de découvrir différents aspects du métier en fonction des productions et surtout de travailler sur des projets sur lesquels j’apprends et prends du plaisir à faire ce que je fais.

Y.O. : Les prochains mois vont être très excitants ! Je prépare actuellement l’ouverture de Fokys Studio, un studio d’animation à Clisson ! Quelques projets arrivent déjà et j’ai hâte de m’y atteler. Le studio va partager savoirs et locaux avec la société de production audiovisuelle La Tanière. A court / moyen terme, Fokys fera de la sous-traitance pour d’autres studios, ainsi que des films d’entreprises ou encore de la publicité. Sur une échelle de temps plus longue, j’espère pouvoir faire de la série d’animation, des courts-métrages et, soyons fous, dans quelques années, des longs-métrages. Je réfléchis, entre-autres, à développer en série Donjon & Cie, film ESMA sur lequel j’ai travaillé pour mon diplôme.

L’ouverture d’une entreprise est très stimulante, et pouvoir travailler à Clisson, petite ville très agréable d’environ 7000 habitants, entourée par la nature et traversée par la Sèvre Nantaise, est un véritable plaisir. Je suis sûr que de nombreux graphistes seraient ravis de travailler dans ces conditions, et j’espère pouvoir leur proposer du travail dans ce cadre idyllique. Pour la petite histoire, c’est ici qu’était tourné Le Manège enchanté !

Extrait, Last Groove
Extrait, Last Groove

Pour finir sur l’année à venir, j’ai la chance de pouvoir travailler à l’ESMA Nantes à temps partiel en tant qu’enseignant, à partir de septembre. J’ai toujours voulu faire de l’enseignement et cela me permet, dans un premier temps, de m’assurer un revenu, et d’entreprendre sereinement.

COMMENTAIRE LIBRE

Y.O. : Je voudrais ajouter un petit mot pour les étudiants. Accrochez-vous ! Ce sont des études difficiles, probablement encore plus avec la situation que nous connaissons, mais cela vaut le coup. Nous avons un métier incroyable, dans lequel nous pouvons nous épanouir ! A bientôt en production !

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Vous pouvez lire les autres portraits de la saga :

Mastère Design & Stratégie digitale

Elise Lévêque

 

Mastère Motion Graphics Design

Méline Montaigut

Alexandre Lepage

Méline Chunlaud

Marion Polito

 

Cycle Pro Cinéma d’Animation 3D & Effets Spéciaux

Audrey Rioux & Adrien Chauvet

Yasmine Bresson, Benjamin François & Emilie Gomez

Amélie Ben Naceur & Steven Lecomte

Claire Maury & Rémi Portes Narrieu

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Vous pouvez retrouver les films & teasers de la promo 2020 sur notre chaîne Youtube ESMA MOVIES.

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