Pour plus d'informations sur la formation Cinéma d'Animation 3D cliquez ici !

arrow back
retour 

Premiers pas dans la vie active – Loïc Lemoine


Actualités . 22 Sep. 2022

Loïc Lemoine a  été diplômé en 2021 de Cinéma d’Animation 3D & Effets Spéciaux à Montpellier. Il s’est tout d’abord envolé pour le Canada afin de rejoindre les rangs du studio Image Engine afin de réaliser un stage gagné au concours Rookie Awards puis après il est revenu en France pour intégrer Nobody Studio à Montpellier.

Rencontre avec Loïc Lemoine, co-réalisateur du film Pinocchio, diplômé de la formation Cinéma d’Animation 3D et Effets Spéciaux. Il nous raconte son poste chez Image Engine au Canada, qu’il avait décroché grâce aux Rookie Awards 2019 puis son recrutement chez Nobody Studio à Montpellier.

Tu as gagné le concours des Rookie Awars 2019 te donnant droit à un stage chez Image Engine. T’attendais-tu à gagner cette récompense ?

C’était en 2019, (j’ai l’impression de raconter un conte pour enfants qui s’est passé il y a des siècles ahah) j’étais alors en stage sur Paris chez Mathematics TV et l’ambiance parisienne me pesait beaucoup au quotidien. Puis un jour, j’ai appris que j’étais pris à la NASA pour une formation d’astronaute. C’est faux, mais j’ai reçu un mail m’annonçant que j’étais dans les finalistes des Rookie Awards (un concours ou un tas d’étudiants du monde entier postent leurs projets et se font évaluer leur portfolio par des pros). J’avais posté mes travaux sans vraiment y croire. Au final, j’ai donc reçu un prix qui m’a permis d’obtenir un stage avec Image Engine a Vancouver au Canada (du côté où ils ne parlent pas français et où il ne neige pas).

projet personnel loïc Lemoine

Le covid a fait décaler le début de ton stage. Tu l’as débuté après ta remise de diplôme. Comment as-tu vécu cela ? Avais-tu peur de voir le stage annulé ? Ne souhaitais-tu pas entrer directement dans la vie active en tant que salarié ?

Dans un premier temps, (je n’ai pas utilisé cette formule depuis le bac de philo) je devais démarrer chez Image Engine en 2019 mais c’était évidemment incompatible avec le début des cours à l’ESMA. Donc ça a été décalé une première fois. Puis, mars 2020, je sentais que le stage n’allait pas pouvoir avoir lieu à cause d’une petite pandémie mondiale. On a donc reporté le stage avec l’entreprise en Juillet 2021. Et puisqu’on dit jamais deux sans trois, la production des films de quatrième année a été légèrement retardée. Je n’avais donc plus qu’un mois de stage possible pendant l’été 2021. J’ai eu donc un nouvel entretien avec Image Engine, qui a transformé mon stage en période d’essai de 3 mois suivi d’un contrat de 3 mois, démarrant en septembre juste après le jury de l’ESMA. Mais ce qui est vraiment touchant, c’est que malgré tous ces doutes et ces rebondissements, ils ont toujours gardé contact avec moi au cours de ces 2 ans et quelques d’attente (ils m’ont même envoyé par la poste des sucreries et un bonnet pour Noël).

Peux-tu nous raconter ton stage ? Tes missions, ton poste, l’ambiance, les projets sur lesquels tu as pu travailler.

Au départ, je devais rentrer chez Image Engine en Matte Painting et Camera Mapping. Mais deux années se sont écoulées et j’ai développé des skills bien différents. Je suis donc entré chez eux en tant que généraliste 3D et j’ai commencé en lighting / éclairage sur la saison 3 de Snowpiercer. C’était hyper enrichissant, parce que nous n’étions pas beaucoup sur le show et j’avais donc pas mal de responsabilités sur mes shots.

J’ai ensuite enchaîné sur du lighting setup de School For Good and Evil, une adaptation Netflix d’un roman de littérature jeunesse Harry Potter-Like. J’ai donc mis en place les scènes d’éclairage de plusieurs séquences avec le Lead du show. C’était très instructif et ça m’a permis d’en apprendre beaucoup sur Gaffer, leur logiciel de lighting fait maison. Puis j’ai rejoint le département matte painting pour aider à créer des backgrounds du Caire dans la série Moon Knight de Marvel.

Par la suite, j’ai fait du matte painting sur School for Good and Evil (encore lui !) mais je n’ai pas trop le droit de dire grand chose vu que le film n’est pas encore sorti. Et enfin, j’ai fini sur une semaine de modeling sur Mandalorian saison 3, pour faire quelques props de background.

affiche the mandalorian

Comment s’est passée ton intégration dans le studio ?

Ce fut un peu dur au départ, à cause de ce satané virus. La plupart des employés étaient en télétravail et nous n’étions qu’une petite dizaine sur place (sur 300 employés). Mais fort heureusement, toutes les personnes ont été adorables avec moi. J’ai eu quelques problèmes de logements et les responsables des ressources humaines se sont pliés en quatre pour m’aider, c’était vraiment très gentil.

Les collègues étaient aussi très bienveillants dans leurs retours et dans leurs commentaires. Mais je regrette juste de n’avoir pas pu rencontrer la plupart irl (« in real life » comme disent les jeunes).

Que retiens-tu de ce stage ?

C’était super enrichissant de découvrir de nouveaux outils dans un contexte de production : que ce soit les logiciels, le pipeline VFX, travailler avec des footages de tournage, présenter ses shots en réunion tous les jours (ca s’appelle des « daily » et ça porte bien son nom) etc. J’ai pu un peu améliorer mon anglais (j’ai appris toutes les manières des superviseurs de dire « Good job » sans que ce soit répétitif en daily) mais c’est vrai que j’aurais préféré faire plus de rencontres. J’étais tout seul dans 200 m² de bureaux vides pendant plusieurs mois, les journées étaient un peu solitaires. J’ai beaucoup aimé les premières daily, j’étais vraiment curieux de voir comment ça allait se dérouler et si ce que j’avais fait convenait au superviseur.

Aujourd’hui tu es de retour en France chez Nobody studio. Pourquoi être revenu et ne pas avoir poursuivi au canada ?

Le soleil. Non, même s’il pleuvait beaucoup à Vancouver (21 jours de pluie par mois en hiver quand même), j’ai surtout décidé de revenir en France pour avoir une nouvelle expérience, dans un cadre différent. Les projets de Nobody m’intéressent beaucoup et j’avais croisé Sebastien Chort aux Jobfair de l’ESMA et la présentation du studio m’avait vraiment enchanté. Je voulais également me rapprocher de mes proches et de ma famille (les billets d’avion, c’est cher et pas très écolo). Et j’avais surtout besoin d’une expérience professionnelle en présentiel avec toute une équipe sur place. L’ambiance des groupes de quatrième année m’avait beaucoup manqué ces derniers mois et être tout seul a l’étranger sans trop de connaissances a été parfois dur.

extrait du film pinocchio esma

Peux-tu nous présenter ton poste, tes missions et tes projets ?

Je suis lighting et compositing artist chez Nobody, je suis donc responsable de l’éclairage et du rendu dans les scènes 3D, ainsi que du compositing des images rendues. Je gère donc le look final de l’image, en prenant en compte les différents retours des superviseurs, des clients et des collègues. Chez Nobody, il nous arrive également de faire des légers ajustements de set dressing (mise en place du décors) et des projections de caméra en compositing pour des matte painting en fond. Après cette définition digne d’un dictionnaire, je dirais surtout que light/comp artist c’est avant tout des rencontres, des gens qui m’ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j’étais seul chez moi. Et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée…

Plus sérieusement, on travaille sur des projets en full CG, donc on a vraiment de la liberté sur le look de l’image. On peut vraiment expérimenter puis présenter nos propositions en review au CG supervisor. Pour le moment nous travaillons pour un projet de cinématique en partenariat avec BLUR (Nobody a souvent collaboré avec eux notamment sur la dernière saison de Love Death and Robots), mais c’est secret je ne peux pas en dire plus.

Jusqu’à présent tu étais plutôt sur un poste de CG Generaliste, pourquoi bifurquer sur un poste en lighting ?

Il se trouve que je suis actuellement en lighting/Comp mais que Nobody est assez ouvert pour faire bouger ses artistes. Je me définirai toujours comme généraliste (j’ai d’ailleurs fait 3 mois de lighting chez Image Engine pour commencer ce qui ressemble beaucoup à mes premiers mois chez Nobody). J’ai déjà fait part au studio que j’avais des envies de rig et de FX et que je serais ravi de pouvoir aider dans n’importe quel département à vrai dire (hormis l’animation !). Quand on avait des soucis de compositing sur notre projet actuel, j’ai pu apporter mes connaissances en matte painting / camera mapping pour trouver des solutions. J’aime beaucoup ce côté bricolage qu’on peut avoir en ayant une expérience de généraliste. On parle beaucoup avec les autres employés de logiciels et de nouvelles techniques. Il y a aussi une grande partie R&D chez Nobody.

affiche pinocchio esma

Comment as-tu vécu ces différentes étapes dans le monde professionnel ? Cela correspondait à tes attentes ?

C’est très enrichissant techniquement, mais surtout, je ne m’attendais pas à ce que les gens soient aussi bienveillants, que ce soit en s’aidant entre collègues, ou dans les retours des superviseurs. Je n’ai pas vraiment vu de différence entre ma période d’essai et mes missions en tant qu’employé. Peu importe notre niveau, on est tous là pour faire de belles images et avec notre bagage scolaire et personnel. On peut avoir des astuces sur certains shots, rester bloquer sur d’autres, mais finalement c’est très important de communiquer avec les autres pour faire part de ses solutions et de ses problèmes.

Travailler sur des projets professionnels, qu’est-ce que cela fait ?

Ça ne change finalement pas beaucoup de la qualité et des exigences qu’on peut se donner à l’ESMA. Le seul changement c’est qu’on est souvent juste un artiste qui va faire sa discipline et on se dit souvent qu’on n’aurait pas fait les choses de la même manière dans les départements suivants ou précédents. On doit aussi s’obliger à prendre du recul sur ce qu’on fait et ne pas trop s’attacher aux shots, puisque ce sont les directeurs artistiques / clients qui décident au final. Il faut s’investir mais ne pas se braquer quand la direction prise ne nous convient pas et toujours trouver du positif ou du challenge dans ce qui est demandé, comme le petit poisson qui brave le ruisseau (pas sûr de ce proverbe).

projet personnel Loïc Lemoine

Après ces quelques mois post-école, quel regard jettes-tu sur ta formation à l’ESMA ?

La formation à l’ESMA est très formatrice, je me suis toujours senti très à l’aise dans mes missions et j’avais toujours l’impression d’avoir déjà connu une situation similaire les années précédentes. L’ambiance des équipes des films de dernière année est une bonne entrée en matière dans la communication en équipe. Je me rends aussi compte avec du recul à quel point nous étions libres artistiquement sur le film de fin d’études comparé aux différentes missions que j’ai eues. Finalement la difficulté et le stress des études permet de beaucoup plus profiter des rythmes plus calmes des productions en studio, les situations de rush arrivant très sporadiquement.

Comment te projettes-tu pour la suite ?

Grâce à un trampoline, je suppose. Ou un canon, mais ça c’est réservé aux cascadeurs, je ne m’en sens pas capable. Sinon j’aimerais beaucoup évoluer en tant que généraliste et pouvoir continuer de travailler chez Nobody pour le moment ! Le statut de SCOP, les projets, l’ambiance et le cadre de travail à Montpellier me plaisent beaucoup ! J’ai vraiment l’impression d’être arrivé dans un environnement de travail qui me convient. Nobody compte aussi développer des projets en interne et j’aimerais beaucoup faire partie de l’aventure. Et d’un côté plus personnel, je compte finir les tonnes de projets personnels démarrés pendant l’ESMA et, enfin, réaliser quelques très court-métrages en solo full 3D !

Commentaire libre

J’ai bossé sur Star Wars mais je coupe mes spaghettis. (pardon)