Premiers pas dans la vie active – Florian Petiteau et Linda Dussine
Actualités . 24 Juil. 2020
Pendant 5 ans, Florian Petiteau et Linda Dussine se sont formés à l’art de l’animation 3D et des effets spéciaux pour pouvoir en faire leur métier. Aujourd’hui, ils évoluent tous les deux au sein de cette industrie qui les a tant fait rêver pendant toutes ces années. Depuis Londres, ils nous racontent leurs premiers pas…
Florian Petiteau, co-réalisateur du film Comme un Ours, et Linda Dussine – co-réalisatrice du film Behind the Beast -, ont grandi en rêvant devant les films et souhaitant un jour pouvoir eux aussi y contribuer. Tous deux ont suivi la formation Cinéma d’Animation 3D et Effets Spéciaux, lui à Nantes et elle à Montpellier.
Aujourd’hui, plusieurs mois après la grande soirée du jury de septembre qui a clôturé leur parcours estudiantin, chacun de son côté s’est envolé pour une destination commune : l’Angleterre.
COMMENT S’EST PASSÉE LA RECHERCHE D’EMPLOI ?
Florian Petiteau (F.P.) : La recherche d’emploi n’a pas été très compliquée car j’avais eu beaucoup de contacts et de retours positifs au Job fair organisé par l’ESMA après la projection des films. J’ai ensuite envoyé des mails aux studios avec qui j’avais eu le plus de feeling et j’ai eu des réponses très rapidement. Après plusieurs entretiens vidéo, j’ai choisi le studio qui me proposait le meilleur poste. En Novembre je commençais mon contrat à Untold Studios.
Linda Dussine (L.D.) : Tout s’est enchaîné bien mieux que je l’aurais espérée à vrai dire ! Début juin, alors que je venais à peine de terminer ma démo, Framestore Londres m’a envoyé un mail pour savoir quand est-ce que je finissais mes études. Je n’avais fait encore aucune demande, mais ils avaient déjà mon contact d’une précédente candidature, pour leur stage d’été que j’avais dû décliner (déjà prise à The Mill).
Après quelques mails et un entretien vidéo, j’ai signé mon contrat avec eux début juillet pour commencer peu après la projection des films en septembre. C’est toujours assez fou quand j’en parle car Framestore était dans mon top 3 des studios que je visais en priorité.
QUEL EST TON POSTE ACTUEL ET EN QUOI CONSISTENT TES MISSIONS ?
F.P. : Actuellement je suis en fin de contrat à Untold Studios en tant que VFX artist. En résumé je suis un généraliste. Je suis responsable généralement de modeling/texturing/lookdev et de lighting avec un compo rapide pour donner des directions au compositing artists.
ndlr, depuis notre interview, Florian a terminé son contrat et est à la recherche d’un nouveau contrat. En parallèle, il s’est aussi lancé dans une nouvelle aventure, celle de créer – tout seul – son propre film dont le teaser est disponible!
L.D. : Je fais partie du département TV de Framestore. On travaille sur de la série, des pubs, ou même des créations visuelles pour des parcs d’attractions. Je m’y plais beaucoup car on est en plus petit comité qu’en film, et c’est donc plus facile pour connaître toutes les têtes ou travailler avec les autres sur un même projet. Pour se rendre compte, on est globalement autour des 200 personnes contre environ 800 en film !
Mon poste s’appelle “Junior Creature Effects Technical Director”, et je fais partie du département “Groom” de celui-ci. Mon travail consiste à faire des poils et/ou cheveux pour les humains, les animaux et les créatures en 3D. Toutefois, étant donné que le département TV est constitué de beaucoup de généralistes, j’ai la chance de pouvoir aussi faire d’autres spécialités si j’en ai l’envie ou si il y en a le besoin pour un projet. Grâce à ça je fais aussi du Lookdev en plus du Groom, ce qui serait impossible à faire en film. (Le Lookdev consiste à donner la bonne matière à un objet en 3D. Il va être traité différemment si je veux faire un objet brillant, usé, ou mouillé par exemple.)
PEUX-TU NOUS RACONTER TES PREMIERS PAS DANS L’UNIVERS PROFESSIONNEL ?
F.P. : J’étais assez stressé au début de ce premier poste. Beaucoup de remises en question et de peur de ne pas avoir le niveau quand on arrive dans un studio où la majorité viennent de gros studios comme DNEG, ILM ou MPC. Mais tout le monde a été super. J’ai eu le temps de prendre mes marques et d’avoir petit à petit de plus en plus de responsabilités, ce qui aide à prendre confiance en soi et en son travail.
L.D. : Depuis petite j’ai toujours su que je voulais voyager et vivre dans des pays étrangers. La ville de Londres était donc pour moi un bon début car il y a beaucoup de studios intéressants là-bas, une proximité avec la France et, au vu de mon agréable expérience professionnelle grâce à mon stage, je n’avais qu’une hâte c’était d’y retourner !
COMMENT AS-TU VÉCU CETTE ENTRÉE DANS LE MONDE PROFESSIONNEL ? CELA CORRESPONDAIT À TES ATTENTES ?
F.P. : J’ai été assez content de mon entrée dans le monde professionnel. J’avais favorisé un studio de taille moyenne (en nombre d’employés) pour avoir potentiellement plus de responsabilités que dans un grand studio où le travail est très séparé entre les artistes. Et j’ai eu raison car comme je l’ai expliqué plus haut j’ai vraiment pu travailler sur différents aspects de la production. L’avantage d’un studio comme Untold Studios est aussi que tout le monde travaille dans le même open space avec un changement de place tout les lundis. Donc on peut être assis à côté d’artistes différents chaque semaine qui ne travaillent pas forcément sur le même projet ni avec les même outils, que ce soit un superviseur, lead, senior ou mid, c’est très enrichissant.
L.D. : J’étais contente et j’avais surtout très hâte ! Après avoir passé autant d’années à l’ESMA et quand les choses se concrétisent enfin avec les stages, pendant la dernière année avec les films de fin d’études, le festival d’Annecy où on rencontre beaucoup de professionnels… L’envie d’enfin appartenir à tout ça devient de plus en plus concrète au fil du temps.
Pour ma part, je pense que si l’univers professionnel a autant correspondu à mes attentes, c’est grâce à mon stage de 3e année. Si on s’y prend bien et qu’on a aussi l’opportunité de trouver un stage qui correspond à ce qu’on vise (style de studio, lieu, spécialisation), on met toutes les chances de son côté pour savoir à quoi s’attendre, être rassuré, et surtout ne pas avoir de mauvaises surprises.
QU’AS-TU RESSENTI ? COMMENT AS-TU VÉCU CE PASSAGE D’ÉTUDIANT À PROFESSIONNEL de l’image ?
F.P. : J’ai très bien vécu ce passage d’étudiant à professionnel. Le premier salaire à été une sorte d’accomplissement de ces années d’études. Savoir que maintenant on peut réellement apporter quelque chose à un studio et à ce milieu est très récompensant. De plus, travailler et avoir des retours de collègues qui ont travaillés sur de grosses productions est un réel avantage pour progresser et s’améliorer en tant qu’artiste.
L.D. : Le passage étudiante à professionnelle s’est fait assez naturellement. The Mill m’avait donné toute la confiance nécessaire à la vie dans l’industrie, comment les choses fonctionnent dans un studio londonien, en plus de la vie là-bas qui me plaisait déjà beaucoup, etc. Le lieu n’était pas le même, mais j’ai retrouvé beaucoup de similarités, ce qui était très agréable.
QU’EST-CE QUE ÇA FAIT DE TRAVAILLER SUR DES PROJETS PROFESSIONNELS qui seront visibles du grand public ?
F.P. : J’ai travaillé principalement pour de la publicité, surtout une dont je ne peux rien dire encore mais qui à une réelle ambition cinématographique. Donc pas encore le plaisir d’aller au cinéma et de voir son projet en grand mais beaucoup de fierté à l’idée de voir certaines publicités à la télé ou sur internet.
L.D. : Étrangement une fois qu’on y est, on ne se rend plus vraiment compte, ça devient presque normal plus le temps passe. Ce qui me plait le plus dans ce métier, c’est de suivre toutes les étapes des projets qu’on voit évoluer au sein du studio. Bien plus qu’au moment du résultat final. Je me sens comme privilégiée de pouvoir voir l’envers du décor, toutes les évolutions/modifications que peuvent avoir certains projets, c’est très satisfaisant de connaître aujourd’hui tout ce que je n’ai jamais pu voir en tant que spectatrice !
Et le changement de pays, culture ?
F.P. : Pour le changement de pays ça n’a pas été un réel choc de culture. L’Angleterre étant limitrophe de la France, on ne peut pas dire qu’il y ait de réelles différences dans le mode de vie. La seule inconnue reste le Brexit et ses conséquences sur les productions et les studios à partir de 2021.
APRÈS CES QUELQUES MOIS SORTIS POST-ÉCOLE, QUEL REGARD JETTES-TU EN ARRIÈRE ? SUR TA FORMATION ET L’ESMA ?
F.P. : Je suis très content de la formation que j’ai reçu à l’ESMA. Les professionnels savent que cette école est gage de qualité dans la formation de ses étudiants et je pense que c’est rassurant pour eux de nous recruter et de savoir que l’on a des bases solides. On a aucun souci pour intégrer un studio et ne pas être perdu dans la production.
L.D. : L’ESMA aura toujours une place importante dans ma vie. C’est beaucoup d’années d’études émotionnellement comme psychologiquement très fortes. Il faut apprendre énormément de choses en peu de temps, ce qui par moment est difficile à encaisser.
Mais finalement, c’est aussi grâce à ça qu’elle est aussi qualitative. Elle apporte une force et une rigueur sur notre travail que je n’aurais jamais imaginé. Notre progression est en constante évolution sous nos yeux et c’est très impressionnant quand on prend le temps de le remarquer.
Avec le recul que j’ai aujourd’hui, c’est toujours bizarre de se dire que ces années sont finies. J’aime bien repenser à certains moments du début où je voyais les dernières années finir leur film, ça paraissait tellement lointain ! D’ailleurs, c’est aussi une formation qui nous suit bien après notre diplôme ! Dans le milieu pro, on rencontre très souvent d’autres anciens de l’ESMA, ce qui aide d’ailleurs à créer des liens facilement. C’est une drôle de grande famille qui s’est construite et qui continue à nous suivre bien après les études.
COMMENT S’EST PASSÉE LA PÉRIODE LE COVID-19 POUR TOI ?
F.P. : La période du Covid à été bien gérée par mon studio dans un Royaume-Uni qui ne prenait pas vraiment de mesures au début. J’ai pu travailler depuis chez moi quelques jours avant la mise en place officielle du lockdown. Le plus dur est d’essayer de garder un rythme de vie normale et on peut vite se laisser aller. Travaillant en ce moment sur un gros projet, les heures sup et les week-ends travaillés sont choses courantes en ce moment. Mais j’ai quand même eu un peu de temps pour développer des projets perso que j’espère terminer dans les prochaines semaines.
L.D. : Le Royaume-Uni a réagi tardivement face au Covid, ce qui était plutôt inquiétant. Mais Framestore comme d’autres studios ici ont su gérer ça très bien en mettant tout le bâtiment en télétravail assez rapidement. Ils ont livré notre matériel à la maison et depuis on travaille de chez nous. Dans l’ensemble ça se passe assez bien, même si la situation reste assez frustrante et fragile…
Le gouvernement britannique a mit en place le « Furlough » pour les arrêts de travail. Ça permet aux studios de ne pas licencier certaines personnes, mais de les mettre en pause avec une aide financière. Il y a eu pas mal de dégâts pour l’industrie face au Covid, ce n’est malheureusement pas fini, mais c’est rassurant de voir ce genre de solution mise en place.
ET TES PROCHAINS MOIS, OU L’ANNÉE À VENIR, COMMENT TE PROJETTES-TU POUR LA SUITE ?
F.P. : Pour les prochains mois, la production se trouvant ralenti à Untold, le studio est obligé de me faire passer au statut de furlough worker (sorte de chômage partiel) à partir de début juin jusqu’à mi-juillet, ce qui va me laisser le temps de chercher un nouveau poste dans un autre studio, toujours à Londres. Pour la suite, j’envisage pour l’instant un retour en France vers la fin d’année ou début d’année prochaine suivant mon potentiel contrat à ce moment-là et l’évolution du Brexit.
L.D. : Mon contrat avec Framestore était de 6 mois renouvelables, qui ont finalement été étendu d’encore 6 mois. Cela se passe généralement avec un rendez-vous 1 mois avant la fin du contrat, pour faire le point et discuter de leurs besoins comme de mes envies.
Pour l’instant je me plais beaucoup dans ce studio, il a vraiment une atmosphère propre à lui-même qui est beaucoup appréciée dans l’industrie, je le recommande donc sans hésitation !
Pour la suite, et même si j’adore ma vie à Londres pour l’instant, j’ai garde l’envie de me balader et découvrir d’autres studios ! Pour ne pas tous les citer, l’endroit où je me verrai rester est Vancouver. Cet endroit me fait rêver depuis un bon moment maintenant, que ce soit pour ses paysages incroyables, mais aussi le nombre de studios qui m’intéressent au même endroit. (Je pense particulièrement à Sony Pictures Imageworks, Animal Logic, Industrial Light & Magic….). J’aime donc bien l’idée de voir ça comme mon objectif final, et pour l’instant juste me laisser guider par les opportunités qui s’offriront à moi.
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Vous pouvez retrouver les films étudiants de la promo 2019 sur notre chaîne Youtube ESMA MOVIES.
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