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Premiers pas dans la vie active – Clément Feuillet et Linda Neang


Actualités . 10 Sep. 2020

Linda Neang et Clément Feuillet ont passé un an à peaufiner leur projet de film de fin d’études. A présent, un an plus tard, ils ont chacun pu faire leurs expériences dans le monde professionnel.  L’une est restée en France, avec une idée bien précise pour la suite de sa carrière, et l’autre a tenté sa chance Outre-Atlantique, au pays de la feuille d’érable.

Linda Neang, co-réalisatrice du film Onsen, et Clément Feuillet, co-réalisateur du film Skid, en plus d’avoir été diplômés de la formation Cinéma d’Animation 3D et Effets Spéciaux en même temps, ont le point commun de s’être lancés comme auto-entrepreneurs avant même d’avoir fini leurs études.

A présent diplômés, ils ont depuis un an débuté leur carrière en tant que professionnels. Et les chemins de l’animation 3D mènent parfois à des propositions inédites. Cela a été le cas pour Linda qui se projette dans un futur qui pourrait être lié à la police criminelle ! Mais en attendant, c’est au cœur du studio toulousain TAT Productions qu’elle déploie ses talents. De son côté, Clément, à tenté sa chance à l’étranger en s’expatriant au Canada afin de rejoindre les rangs d’un prestigieux studio : Mikros Animation Montréal.

COMMENT S’EST PASSÉE LA RECHERCHE D’EMPLOI ?

Linda Neang (L.N.) : Ma période de recherche d’emploi, qui a commencé vers la fin de la production du film de fin d’études, a surtout été un grand moment de questionnement sur ma vie professionnelle et personnelle. Après l’ESMA, j’avais le désir de rester sur Toulouse et d’enchaîner avec des études en psycho/criminologie par plaisir, tout en continuant à travailler dans la 3D. A ce moment-là, je faisais de chouettes missions à TexturingXYZ en parallèle de l’école et j’avais la possibilité de continuer à travailler là-bas après le diplôme.

Je me suis demandée s’il existait un moyen de rassembler mes deux passions, alors j’ai envoyé sans trop y croire une candidature peu conventionnelle à la police scientifique. Un matin, celle-ci m’a appelé pour me proposer un entretien en visioconférence. Lors de ce rendez-vous, j’y ai appris que la police française souhaitait ouvrir prochainement un poste qui consisterait, en améliorant leurs méthodes actuelles, à scanner et reconstituer en 3D les scènes de crime, et former les policiers aux techniques de scan. La police ne pouvait pas me prédire quand est-ce que ce travail commencerait, alors elle m’a encouragé à faire des contrats courts ailleurs en attendant qu’elle revienne vers moi.

J’ai ensuite postulé à une offre de TAT Studio qui cherchait un.e texture artist en contrat intermittent pour leur prochain long-métrage d’animation. Le studio m’a fait passer un test d’une journée (j’ai dû me former à 3DSMax et Painter de mon côté avant de le passer) et à la suite de celui-ci, j’ai eu un entretien, le poste m’a été proposé et j’ai commencé en novembre. Quelques mois plus tard, juste avant le confinement, la police scientifique m’a rappelée pour me dire qu’elle avait eu les autorisations nécessaires pour ouvrir le poste et que celui-ci m’était proposé. J’ai demandé un temps de réflexion. Juste après, le confinement est tombé et les procédures repoussées. Pour résumer, ma recherche d’emploi s’est bien passée mais elle reste encore d’actualité, notamment à cause du fait que je sois encore indécise ce que je souhaite faire.

Clément Feuillet (C.F.) : La recherche d’emploi c’est malheureusement une phase difficile et je m’en suis vite rendu compte. Il faut être dans la bonne période, avoir de la chance et être réactif. J’ai commencé à chercher du travail en Juillet, deux mois avant la projection. J’ai eu des discussions avec des studios, des entretiens, même des confirmations qui n’ont mené à rien au final. En effet, tant que l’on ne signe rien, on a rien…

En octobre, j’ai décidé de partir chez mon frère à Montréal, sans travail. Là-bas, j’ai pu rendre visite à des studios, j’ai même pu participer à un événement de recrutement organisé par un studio qui a été plutôt décevant, trop de monde, impossibilité de parler avec des recruteurs ou même des artistes.. J’ai vite compris que ce genre de manifestations n’étaient pas vraiment faites pour moi. Avec l’aide de l’administration de l’ESMA, j’ai pu avoir un entretien à Mikros Montréal début décembre pour un contrat de 2 mois, qui s’est prolongée jusqu’en avril. J’ai continué à chercher du travail pendant ma période a Mikros. Le contrat étant assez court et je voulais assurer un enchaînement et ne pas me retrouver sans emploi. J’ai donc eu un entretien chez scanline VFX qui s’est suivi d’un contrat.

QUEL EST TON POSTE ACTUEL ET EN QUOI CONSISTENT TES MISSIONS ?

L.N. : Je suis texture artist à TAT Studio. Ma mission consiste, avec toute l’équipe concernée, à texturer les décors pour un film d’animation 3D qui sortira en salle de cinéma.

C.F. : Actuellement j’occupe le poste de texturing/lookdev Artist à Mikros, ma mission est de créer des textures, des matériaux, pour les projets de Mikros.

PEUX-TU NOUS RACONTER TES PREMIERS PAS DANS L’UNIVERS PROFESSIONNEL ?

L.N. : Je dirais que mes premiers pas dans l’univers professionnel se sont fait en deux temps et cela a commencé pendant l’ESMA. En effet, à la suite de mon stage en 2e année, j’ai ouvert un statut d’auto-entrepreneur et j’ai essentiellement continué à travailler pour TexturingXYZ. Au début, il n’était pas facile de gérer temps et argent entre les études, le travail et la vie personnelle, mais cette expérience m’a poussé à acquérir une certaine discipline pour réussir à tout concilier.

Je suis heureuse que ce premier travail soit avec ce studio car celui-ci, tout en étant renommé dans le milieu, a un très petit effectif, ce qui permet une grande proximité avec son gérant et une implication du travail sur toute la chaîne de production. De plus, j’ai pu y apprendre le scan photogrammétrique et photométrique, développer un regard nouveau et méticuleux sur la texture, mais aussi consolider ma maîtrise des logiciels qu’on utilisait à l’école. Le deuxième « premiers pas » s’est effectué à TAT Studio, en tant que salariée cette fois. L’effectif du studio est grand, ce qui change radicalement la manière de travailler. Les tâches sont divisées entre différents départements et on est rattaché à une équipe qui a son lead. Après une semaine de formation, où on m’a fait découvrir d’autres logiciels, j’ai très vite été intégrée et ai adoré l’ambiance et les gens du studio. Mon lead m’a également rapidement confié des props très sympa à texturer.

C.F. : Dans l’univers professionnel, ce ne sont pas vraiment mes premiers pas. Etant encore étudiant j’ai créé une auto-entreprise qui consiste à capturer des textures d’imperfections, certaines de ces textures sont notamment présentes dans substance painter. En 2018 j’ai commencé à travailler avec Quixel megascans pour créer leurs imperfections. J’ai pu développer cette activité pour financer mes études et mon départ au Canada. Je travaille encore avec eux sur mon temps libre.

Pour ce qui est de ma première expérience en studio, ce fut un véritable bonheur, l’équipe texturing/lookdev de Mikros Montréal était incroyable et je me suis vraiment fait des amis là-bas. Ils ont étés patients et m’ont aidé à vite prendre en main les outils du studio et le pipeline. Je ne me suis pas senti perdu mais vraiment accompagné pour pouvoir rapidement gagner en efficacité.

J’aimerais aussi citer ma première expérience en VFX chez Scanline VFX. Ce fut plus difficile car je ne connaissais vraiment personne là-bas et c’est une entreprise où l’on parle principalement anglais. De plus, je ne connaissais pas les logiciels qu’ils utilisent (vray, Max), mais le cadre de travail était très agréable, les gens vraiment gentils et ouverts.

J’ai pu vite commencer à être efficace et à progresser sur 3Ds max et vray grâce à Thomas, Giorgio et Amaury qui m’ont beaucoup aidé à comprendre comment fonctionnait le pipeline et les logiciels, merci à eux ! Je me suis rendu compte que ne pas connaître un logiciel n’est pas une plaie, j’en avais peur, mais on s’adapte vite.

COMMENT AS-TU VÉCU CETTE ENTRÉE DANS LE MONDE PROFESSIONNEL ? CELA CORRESPONDAIT À TES ATTENTES ?

L.N. : J’ai été très contente de mon entrée dans le monde professionnel. J’ai pu goûter en douceur à deux types de travail assez opposés : en auto-entrepreneuse et en salariée ; mission sur toute la chaîne et mission ciblée ; avec et sans équipe ; avec et moins de responsabilités…

C.F. : Je suis content, j’aime faire ce travail je le trouve passionnant !

QU’AS-TU RESSENTI ? COMMENT AS-TU VÉCU CE PASSAGE D’ÉTUDIANT À PROFESSIONNEL DE L’IMAGE ?

L.N. : Je n’ai pas vraiment ressenti le passage d’étudiante à professionnelle finalement car tout s’est entremêlé et est allé vite (… et je suis toujours étudiante, héhé !). De plus, je n’ai pas été dépaysée de l’école car le gérant de ma première boîte est un de mes anciens professeurs à l’ESMA et dans mon studio actuel, mes collègues de l’équipe texture sont en quasi totalité d’anciens de l’ESMA !

C.F. : Premièrement, je trouve que c’est agréable de faire ce métier, c’est ce que je voulais faire depuis que je suis petit et là, je suis dedans !
C’est un long parcours pour y arriver mais au final, quand on y arrive on se rend compte que l’on est encore en bas de la pente. Il y a tellement de choses à apprendre, on reste un peu étudiant toute sa vie dans un certain sens et c’est ça que j’aime, c’est un métier qui bouge, les demandes changent chaque année, il faut apprendre de nouvelles choses et pratiquer ainsi que s’adapter.

QU’EST-CE QUE ÇA FAIT DE TRAVAILLER SUR DES PROJETS PROFESSIONNELS QUI SERONT VISIBLES DU GRAND PUBLIC ?

L.N. : C’est énormément gratifiant de travailler sur des projets professionnels liés à la culture cinématographique, qui touchent le monde, et d’imaginer aider, un peu soit-il, petits et grands à rêver le temps d’un film, d’un jeu…

C.F. : C’est cool !

APRÈS CES QUELQUES MOIS SORTIS POST-ÉCOLE, QUEL REGARD JETTES-TU EN ARRIÈRE ? SUR TA FORMATION ET L’ESMA ?

L.N. : L’ESMA a été une part importante de ma vie (plus d’1/5 tout de même !). On a eu beau râler parfois sur les problèmes rencontrés pendant les études, il est indéniable que j’en suis ressortie avec un joli réseau, une palette de compétences qui permettent d’être sur le marché et d’être efficace au travail rapidement mais aussi de nouvelles amitiés, de beaux souvenirs même dans les moments de galère.

C.F. : Pour être honnête, ça me manque un peu ! J’ai adoré ces années passées à l’ESMA, spécialement la dernière année où on avait une super promo, on était bien entourés et ce n’est pas quelque chose que j’oublierai.

Pour moi, finir sa formation à l’ESMA est essentiel, on sort avec un package complet pour commencer dans l’industrie et surtout avec un diplôme (chose qui est utile si, par exemple, vous désirez vous installer au canada).

COMMENT S’EST PASSÉE LA PÉRIODE LE COVID-19 POUR TOI ?

L.N. : J’ai été en chômage partiel pendant le confinement, à une semaine de la fin de mon contrat. J’ai, du coup, pu acquérir mon statut d’intermittente du spectacle à cette période et avoir les indemnités. Le confinement a été pour moi l’opportunité de continuer des formations en ligne en psycho-criminologie et cryptologie que j’avais entamées pendant l’ESMA et mises de côté. D’ailleurs, pas mal de choses mises de côté par manque de temps ont pu être dépoussiérées : bouquins, jeux vidéos, films, séries, rattrapages des classiques, apprentissage d’un moteur de jeu… S’ennuyer aussi. J’ai repris un peu le travail après le confinement.

C.F. : Le Covid n’as pas été marrant pour cette industrie, surtout a notre niveau… Beaucoup de mes amis ont perdu leur job ou ont vu leur contrat mis en pause, leur salaire baisser, etc. Pour ma part Scanline VFX m’a mis en hiatus pendant deux mois. Au moment de renouveler mon contrat avec scanline VFX et de reprendre, Mikros m’a fait une offre, le secteur du feature anim étant moins impacté par le covid et connaissant déjà Mikros j’ai décidé de revenir chez eux.

ET TES PROCHAINS MOIS, OU L’ANNÉE À VENIR, COMMENT TE PROJETTES-TU POUR LA SUITE ?

L.N. : Il m’est difficile de me projeter pour la suite. J’ai auparavant beaucoup stressé par rapport au fait de faire un choix entre studio de production cinématographique et le scan pour la police scientifique. Avec le covid, la question est repoussée donc je me dis que je prendrai les choses comme elles viennent au moment venu. Le fait d’avoir le statut d’intermittent me permet, jusqu’à l’année prochaine, de ne pas trop m’inquiéter. La seule chose dont je suis sûre, c’est que je souhaite continuer à travailler dans la 3D un bon moment, voyager, pourquoi pas faire totalement autre chose que de la 3D plus tard, et surtout, adopter des cochons nains !

C.F. : sur les prochains mois ou l’année à venir je ne pense pas que beaucoup de choses vont changer.

Je souhaite juste bon courage aux élèves qui vont sortir d’école en septembre car ça pourrait être difficile de trouver un emploi en tant que junior si la situation sanitaire actuelle persiste ou se dégrade.

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Vous pouvez retrouver les films étudiants de la promo 2019 sur notre chaîne Youtube ESMA MOVIES.

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Vous pouvez lire les autres portraits de la saga :

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