Pour plus d'informations sur la formation Cinéma d'Animation 3D cliquez ici !

arrow back
retour 

Rémy Terreaux


promotion 2008

Animation Supervisor
Travaille actuellement chez : Fortiche Production

LinkedIn icon

Rémy Terreaux est sorti diplômé en 2008 de la formation Cinéma d’Animation 3D & Effets Spéciaux. Sa décennie passée dans le secteur de l’image numérique lui a permis de voyager partout dans le monde et de se forger une solide expérience. A présent ses bagages sont posés aux Canaries où il gère une antenne du studio Fortiche. Découvrez son portrait.

Retour sur tes années ESMA

POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX D’INTÉGRER UNE FORMATION CINÉMA D’ANIMATION 3D & EFFETS SPÉCIAUX ?

J’ai toujours été attiré par toute forme d’art en général, principalement tout ce qui a trait à l’image et au visuel (peinture, sculpture, photographie, cinéma etc.).

Au moment de choisir une formation professionnelle, ce fut compliqué pour moi car je n’arrivais pas à écarter l’envie de toucher à un medium ou à un autre. M’orienter vers une carrière plutôt qu’une autre aurait été dire adieu à d’autres possibilités intéressantes.

Mais lors d’un forum pour étudiant, je suis tombé sous le charme des écoles de cinéma d’animation en voyant comment les étudiants fabriquaient leurs courts-métrages de fin d’études. Ils avaient cette liberté que je recherchais, celle de pouvoir toucher à de nombreux domaines à la fois et avec le but commun de créer une œuvre unique et originale.

POURQUOI AVOIR CHOISI D’INTÉGRER LA FORMATION DE L’ESMA ?

A cette époque, l’ESMA venait de sortir leur tout premier court-métrage Oui maman. Ce qui m’a interpellé était l’énergie qui se dégageait des professeurs et leur envie de faire que le cursus de l’ESMA soit différent des autres écoles.

QUE RETIENS-TU DE TA FORMATION À L’ESMA ? QU’EST-CE QUE LA FORMATION & LES ENSEIGNANTS T’ONT APPORTÉ ?

Ce qui m’a le plus marqué ce sont les enseignants, ils étaient tous très complémentaires entre eux et m’ont apporté une grande maturité de réflexion. Leur objectif commun n’était pas seulement de nous faire réussir le cursus, mais surtout de nous donner toutes les clés qui nous aideraient à nous développer tout au long de notre carrière future.

J’en garde vraiment les valeurs de ne jamais rien lâcher et de travailler dur pour se démarquer dans un milieu de nature très compétitif, tout en travaillant en équipe.

Y AVAIT-IL UNE MATIÈRE QUE TU APPRÉCIAIS EN PARTICULIER ?

Toutes les matières m’ont beaucoup intéressé à dire vrai. Mais peut-être que les cours sur Photoshop étaient de nature à attiser ma curiosité par de leur originalité.

COMMENT S’EST PASSÉE TON IMMERSION PROFESSIONNELLE APRÈS TA SORTIE DE L’ESMA ?

A ma sortie en 2008, il y avait beaucoup d’opportunités mais très vite tout s’est arrêté avec la crise économique de cette époque. De ce temps mort, j’en ai profité pour consolider ma bande démo et mon site internet, ce qui m’a permis de décrocher mon premier travail auprès de DreamWorks en tant qu’animateur.

Ton parcours professionnel

PEUX-TU NOUS PARLER DE TON POSTE ACTUEL : ANIMATOR SUPERVISOR ? EN QUOI CONSISTE-T-IL ET EN QUOI CELA TE PLAîT-IL ?

Le poste d’Animator Supervisor est différent suivant les studios. Dans mon cas, je valide le travail de mes équipes et les aide dans le développement de leurs séquences d’anim. Je dirige en même temps le studio de Fortiche à Las Palmas et le représente.

Ce qui est enrichissant dans ce poste c’est d’avoir un impact fort sur les projets pour lesquels je travaille, et être proche des équipes tout en ayant une vue d’ensemble. C’est un poste qui permet d’apprendre beaucoup chaque jour.

Y A-T-IL DES COMPéTENCES OU DES QUALITéS DEMANDéES OU NéCéSSAIRES POUR FAIRE CE MéTIER ?

Pour être animateur dans le long-métrage d’animation, je dirais qu’il faut être ouvert d’esprit et humble, avoir l’envie de repousser chaque jour ses limites et s’intéresser à beaucoup de formes d’art différentes car elles sont souvent très complémentaires en anim.

Il est important d’être ouvert à la critique, de voir cela comme quelque chose de positif à son apprentissage, et aller vers les autres. L’animation est un travail d’équipe, celui ou celle qui voudra faire bande à part ou qui aura une forme d’arrogance aura tout faux. C’est un métier qui demande de l’effort et de l’application.

PEUX-TU NOUS PRÉSENTER TES PASSAGES DANS LES DIFFÉRENTS STUDIOS OÙ TU AS EXERCÉ ?

Chaque expérience m’a apporté quelque chose de différent et m’a enrichi. J’ai travaillé principalement dans le long-métrage d’animation.

J’ai commencé en premier lieux chez DreamWorks en Inde (Le chat potté, Madagascar 3, Shrek 4), ce qui m’a permis d’acquérir de solides bases en Anim mais aussi d’avoir une vision forte de l’organisation structurelle et corporate sur les longs-métrages.

Ensuite, j’ai travaillé pour Kandor Graphics à Grenade (Justin et la légende des chevaliers) m’a appris le fun des petites structures et le lâcher prise, ainsi que la langue espagnole.

Astérix : Le Domaine des Dieux, au studio Mikros, aura été par la suite un moment fort dans ma carrière en m’apportant la justesse de la performance dans l’acting et le travail du dessin dans les poses. Alors qu’à Ilion Animation Studio à Madrid, j’ai eu la chance de m’intéresser de près au développement du pipeline, du rig ou bien des tools pour la préproduction du film Le parc des merveilles.

En repartant à Paris pour Illumination Macguff (Tous en Scène, Moi, moche et méchant 3), j’ai pu continuer à animer sur de nouveaux styles d’anim.

Enfin, à Fortiche sur la série Arcane, j’ai surtout appris à repousser toutes les limites possibles et m’impliquer dans la structure du département d’Anim.

TU AS PU RéALISER UN STAGE CHEZ DREAMWORKS A Los Angeles EN 2009. PEUX-TU NOUS PARLER DE CETTE EXPERIENCE ?

DreamWorks m’a offert mon premier job en animation pour leur studio en Inde. Mais avant de m’y envoyer directement, ils m’ont formé pendant 3 mois dans leur studio à Los Angeles. L’expérience a été assez folle car je n’avais aucune expérience professionnelle encore et évidemment j’avais tout à apprendre.

Arriver dans une structure comme cela, était forcément impressionnant et a marqué un moment fort dans ma carrière. Le film Dragons était en production et voir l’engouement des équipes dans la fabrication était vraiment inspirant.

Pendant un mois, j’ai été formé aux outils et au pipeline interne, pour ensuite intégrer Shrek 4 en mettant en pratique ce que je venais d’apprendre. Ce film était également très riche et différent des autres de la saga, en offrant un ton plus sombre et une anim plus poussée. De loin, c’était une époque florissante à DreamWorks.

PAR LA SUITE TU AS PU ENCHAINER CHEZ DREAMWORKS INDIA OU TU ES RESTé 2 ANS. COMMENT S’EST PASSéE CETTE EXPERIENCE ?

A DreamWorks India, je suis resté 2 ans et demi. Ça a été une expérience très forte également où j’a pu travailler sur les longs-métrages Le chat potté et Madagascar 3, ainsi que plusieurs courts-métrages de qualité.

Varier autant de projets en peu de temps a été vraiment exceptionnel dans mon apprentissage avec de nouveaux challenges chaque jour et en s’adaptant à de nouveaux personnages et des ambiances totalement différentes. Durant cette période j’ai pu vraiment acquérir une base solide en anim.

L’INDE EST UN PAYS TRES DIFFéRENT Du nôtre. COMMENT AS-TU VéCU CE CHANGEMENT DE CULTURE ?

L’Inde est radicalement différente à la France et surtout le fait de vivre au quotidien dans un pays ce n’est pas la même chose que d’y voyager.

C’est un pays aux milles facettes, tout en extrême. Ce qui m’a le plus plu c’est l’opportunité que j’ai eu pour vivre une expérience unique dans ma vie et la possibilité de faire de nombreux voyages et des rencontres inoubliables. Ça m’a vraiment donné un bagage solide sur ma perception de la planète ainsi que le goût de l’aventure.

PAR LA SUITE TU AS BOUGé EN ESPAGNE CHEZ KANDOR GRAPHICS ET ILION ANIMATION STUDIOS PUIS TU AS FAIT DES PASSAGES EN FRANCE CHEZ MIKROS ET ILLUMINATION MACGUFF. Peux-tu nous en parler ?

Mon expérience en Inde m’a amené à me poser la question sur ce que je voulais vraiment faire dans ma vie et j’ai ressenti le besoin d’aller en Andalousie qui m’a toujours fasciné.

En travaillant pour Kandor Graphics à Grenade, j’ai appris l’espagnol et j’ai rencontré ma future épouse. De là, ma relation avec l’Espagne a toujours été étroite.

A la fin du projet sur lequel je travaillais – et le studio n’ayant pas d’autres films à proposer – j’ai enchaîné sur Paris avec Astérix : le Domaine des Dieux chez Mikros.

Puis, même cas de figure, il n’y avait pas d’autres projets après et je suis reparti en Espagne, d’abord en année sabbatique à Séville par rapport à ma vie personnelle, puis je suis parti à Madrid pour travailler chez Ilion, et ensuite à Paris chez Illumination Macguff.

Beaucoup de va et vient, mais le fait de bouger autant n’a pas été un problème pour moi car j’aime le côté aventure et puis travailler dans différents studios m’a permis d’acquérir des expériences et des visions de travail différentes.

Le manque de renouvellement de projets a donc motivé mes changements de studios, mais il est vrai également que j’aurais pu rester dans les mêmes villes au lieu de changer de pays à chaque fois.
J’ai surtout eu la chance de pouvoir choisir les projets sur lesquels j’ai travaillé et c’est plutôt cela qui a été le moteur de mes déplacements. Pouvoir travailler sur des projets qui me plaisent et qui proposent une narration qui me touche personnellement a été fondamental dans ma carrière.

DEPUIS PLUS DE 4 ANS TU ES CHEZ FORTICHE PRODUCTION. QU’EST-CE QUI TE PLAîT DANS CE STUDIO ?

De loin Fortiche est l’un des meilleurs studios pour lesquels j’ai pu travailler, si ce n’est le meilleur. Ce qui me plaît le plus c’est l’esprit familial qui y règne, la créativité et la carte blanche donnée aux artistes. On travaille vraiment en harmonie et dans le respect, les gens ont confiance en eux et dans ces conditions on peut dire que les artistes donnent le meilleur d’eux-mêmes.

Je pense vraiment que la clé de leur succès c’est le travail d’équipe et que les patrons du studio sont également des artistes et qu’ils sont impliqués dans la fabrication des projets.

Les projets proposés sont très différents de ce qui se fait habituellement dans l’industrie avec un ton beaucoup plus mature et un graphisme propre.

Chaque jour c’est un nouveau challenge à repousser, c’est une bonne énergie de travail et motivante.
Ça va faire 5 ans que je suis chez Fortiche et je ne m’en lasse pas !

POURQUOI AVOIR ACCEPTé D’intégrer LEUR STUDIO AUx CANARIES ?

En fait, l’ouverture de Fortiche aux Canaries vient de mon initiative. Elle fait suite au besoin de croissance de Fortiche et la mienne de suivre l’évolution professionnelle de ma femme.

Ce fut une manière de grossir les équipes tout en gardant le côté familial qui caractérise tant Fortiche en mettant en place l’ouverture de satellites de petite taille.

EST-CE QUE TU GAGNES EN QUALITé DE VIE Là-BAS ?

La qualité de vie est incontestable. C’est une vie tranquille et agréable qui permet de trouver un équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. On peut ainsi passer une journée intense au travail et se recharger pleinement à peine sorti du studio en se promenant au bord de l’océan.

Il est vrai que la plupart des grands studios se retrouvent principalement dans des zones intensément peuplées ou bien que leur météo est particulièrement grise et pluvieuse. Ici, c’est tout le contraire.
Pouvoir travailler sur des projets comme ceux de Fortiche et avoir ce cadre de vie est une chance.

AS-TU TRAVAILLé AVEC DES ANCIENS DE L’ESMA ?

Oui ça m’est arrivé et de plus en plus. J’ai eu la chance d’en rencontrer un peu dans tous les départements à dire vrai. Et actuellement plusieurs anciens de l’ESMA travaillent avec moi !

Y A-T-IL UN PROJET DONT TU ES PARTICULIèREMENT FIER ET que TU SOUHAITERAIS NOUS PARTAGER ?

Il y en a plus d’un c’est certain, mais sans aucun doute je dirai Arcane. C’est une aventure humaine dans laquelle je suis particulièrement fier de là où on est arrivés. On a dû surmonter beaucoup de challenges chaque jour et repousser tout ce qui existait dans le milieu. Réinventer des manières de faire les choses, donner un style propre et un univers graphique, ou bien monter une équipe de zéro.
Ce fut un projet sans aucun doute à part de tout ce que j’ai vu dans ma carrière.

Pour conclure

COMMENT AS-TU VéCU L’éVOLUTION DE LA 3D ET DU MILIEU DEPUIS TA SORTIE ?

Le fait d’animer en 3D n’a pas vraiment changé en soit, mais les outils mis à disposition, eux, ont évolué. Cela dépend principalement des développements de chaque studio.

Ce que je ressent c’est une accélération des productions et l’envie des studios de réduire les coûts. Il y a beaucoup plus de productions d’animation aujourd’hui et d’emplois qu’auparavant. Il y a également de plus en plus en plus d’étudiants en animation qui sortent chaque année avec la démocratisation des écoles en ligne.

Sinon, je dirais que la mixité hommes-femmes a été une évolution très positive dans le milieu. Quand j’ai commencé il était rare de trouver une fille dans les équipes, alors qu’aujourd’hui ma team en est composée de moitié. Cela amène forcément une harmonie et une force aux projets qu’il n’y avait pas avant.

LA VIE AUX CANARIES, C’EST COMMENT ?

C’est super, encore une fois le cadre de vie et les projets de qualité amène une harmonie parfaite. Les îles ont chacune leur paysage et leur univers varié, toutes différentes les unes des autres. Avec une température en moyenne de 22 degrés on peut en profiter pleinement toute l’année. Les habitants sont incroyablement gentils et aiment partager, c’est donc très facile de s’intégrer.

QUELS SONT TES PROJETS À VENIR ?

Etre un bon papa, le bébé canarien débarque ! 🙂 Et sinon pour mes projets pro, c’est de faire que Fortiche aux canaries ait un long avenir devant lui.

POUR FINIR, UN PETIT CONSEIL À DONNER AUX ÉTUDIANTS ET FUTURS ÉTUDIANTS ?

Je dirais : rester ouvert d’esprit et humble c’est la base, sans oublier une grosse couche de travail. Rien ne vient tout seul et encore moins du Saint-Esprit. Il faut s’avoir faire quelques sacrifices pour arriver à faire ce qu’on aime, cela prend forcément du temps et des détours.

Mais ça en vaut vraiment la peine au final !