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Pierre Chupeau


promotion 2017

Lead Lighting
Travaille actuellement chez : Bardel Entertainment

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Rencontre avec Pierre Chupeau, diplômé en 2017 de la formation Cinéma d’Animation 3D & Effets Spéciaux. Il a fait partie de la première promotion nantaise à sortir. Son parcours l’a amené à s’envoler pour le Canada ou il s’épanouit en tant que Lead Lighting & Compositing. Découvrez son parcours.

Retour sur tes années ESMA

Qu’est-ce qui t’a amené à t’inscrire à l’ESMA ?

Pour répondre à cette question je dois faire un petit retour en arrière sur mon parcours. J’étais destiné à travailler dans le monde de l’ingénierie car j’avais fait un Bac Scientifique avec option sciences de l’ingénieur. Je suis allé à la fac pour étudier les sciences de l’ingénieur pendant un an mais je ne me sentais pas à ma place du tout. Une des branches de l’ingénierie se concentre sur la partie conceptualisation et modélisation de mécanismes en 3D et c’était la seule matière où je me sentais à l’aise.

En parallèle de mes études à la fac, j’ai donc commencé à mettre mon nez dans les logiciels de 3D destinés au divertissement et ça m’a mis une claque. J’ai réalisé que je voulais absolument travailler dans cette industrie. Par chance, ma fac proposait une Unité d’Enseignement (UE) libre qui portait justement sur Blender, un logiciel 3D pour créer des effets visuels. Là où, en mathématique, physique et chimie, j’avoisinais le 0 absolu, l’UE de 3D était pour moi une évidence et sans besoin de réviser ou de travailler, je ramenais un 19/20. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me renseigner sur de potentielles écoles de 3D et l’ESMA, avec ses courts-métrages sur Youtube, m’a conquise.

Qu’est-ce que la formation t’a apporté ? Qu’est-ce qui t’a marqué pendant ces années à l’école ?

En plus de m’avoir apporté une formation de généraliste, l’école m’a permis d’aiguiser mon œil artistique et critique. Le film de fin d’études reproduit, à une plus petite échelle, les étapes qu’un studio doit suivre pour délivrer un produit à un client : deadlines, travail d’équipe, optimisations pour réduire les temps de production…

Je pense que cette expérience de créer un court-métrage pendant une année reste le moment le plus marquant de mon passage à l’ESMA. Cette effervescence et excitation de voir le produit final sur grand écran, de voir la réaction du public, ça reste gravé dans la mémoire.

Sur quel film de fin d’étude as-tu travaillé ? Peux-tu nous dire quel rôle tu avais et comment cela s’est passé ?

J’ai travaillé sur le court Lazare. Mon rôle pour la première partie de la production était principalement le rigging pour préparer les personnages à être animés. J’ai ensuite aidé au texturing / surfacing de quelques éléments. Une fois l’animation terminée, j’ai réalisé les CFX (simulation de vêtement) et quelques FX de fumée et de poussière. Et enfin, j’ai créé le lighting sur la plupart du film et également travaillé sur quelques compositing. Ça a été une expérience très enrichissante car on apprend des autres, mais aussi on dépend des autres. Il faut être capable de s’adapter à son équipe, à la pression du délai, tout en essayant de produire un film de qualité. Ça se frite de temps en temps car parfois on a des avis différents, mais globalement c’est un super bon souvenir.

Savais-tu déjà ce que tu voulais faire à la sortie de l’école ? Si oui, as-tu essayé, au fil des années à l’école, de te spécialiser dans ce(s) domaine(s) ?

En intégrant la formation 3D je n’avais aucune idée de ce qui m’attirait le plus. C’est au fil des exercices qui nous étaient donnés que j’ai réalisé que donner vie à l’image au travers du lighting était pour moi la partie la plus intéressante de la chaîne de production. Je n’ai pas cherché à me spécialiser dans ce domaine en particulier, non. C’était important de garder un intérêt pour les autres départements car le film de fin d’études ne contient que 5 ou 6 personnes et nous devions être capable de couvrir tous les domaines.

Ton parcours professionnel

Comment s’est passée ta rentrée dans le monde professionnel ?

Ça ne s’est pas passé comme prévu. Durant notre dernière année à l’école, on a la chance d’aller au Festival International du Film D’Animation d’Annecy. L’école avait organisé des entretiens avec de très bons studios, dont Double Negative Londres. Deux semaines plus tard, alors que je travaillais toujours sur le film de fin d’étude, je reçois un mail de DNEG me disant qu’ils ont apprécié mon profil et aimeraient me proposer un contrat. Évidemment j’accepte. J’étais censé débuter en janvier de l’année suivante, ce qui me donnait l’opportunité de prendre des vacances.

Entre septembre et janvier, je reçois des offres de studios que je décline étant donné que je suis supposé débuter à DNEG dans les mois à venir. Je n’avais pas vu venir le fait que le client allait repousser la production plus de trois fois jusqu’à l’annuler au dernier moment. Au final, DNEG aura repoussé 3 fois la date de mon arrivée jusqu’à définitivement me souhaiter bonne chance pour la suite. 2 mois plus tard, un de mes coéquipiers et ami sur le court métrage Lazare, Cyprien, me dit que MPC Vancouver recherche des lighters et me voilà au Canada.

MPC est une énorme boîte avec des centaines d’employés, tous aussi talentueux les uns que les autres. Je me suis senti tout petit les premières semaines. J’étais censé débuter pendant 3 mois dans une académie de lighting. Il y a un instructeur qui vous apprend le fonctionnement des logiciels et du pipeline propre à MPC : vous recevez des plans de films déjà sortis à mettre en lumière (Une nuit au musée, Godzilla, etc.) pour vous mettre dans le bain et jauger votre niveau. Ensuite, 3 mois plus tard, boom on vous met dans une équipe et vous pouvez finalement travailler sur une production top secrète avec nom de code et ça y est, vous êtes le nouveau 007 du Lighting.

Bon bah pas pour moi apparemment. En arrivant au studio le premier jour, ils nous disent que l’Académie a été annulée et que l’on va devoir apprendre par nous-même devant un tuto de 5 jours. 10 minutes plus tard, tous les employés sont renvoyés à la maison car je cite « Quelqu’un vient d’encastrer sa voiture dans le tableau électrique et nous ne pouvons plus travailler« . On ne peut pas faire plus fun comme premier jour ahah. Les semaines qui ont suivi, j’ai appris le fonctionnement de la compagnie, j’ai vécu mes premières révisions avec toute l’équipe et le CG sup et la machine était lancée.

Tu es parti travailler au Canada, pourquoi ?

L’idée de base était de construire une expérience professionnelle dans des studios à Vancouver pendant un ou deux ans et ensuite de revenir en France avec cette expérience. Le truc est qu’en France, le gros du boulot se fait à Paris et disons que je n’ai pas un grand amour pour la capitale. Vancouver allie la montagne et la mer, avec un climat tempéré et, par-dessus tout, déborde de studios d’animation et VFX. Il y a énormément d’opportunités de travail ici et il faut le dire, le cadre est à couper le souffle.

Comment s’est passée ton arrivée dans un pays étranger ?

Il a fallu s’adapter à la culture, à la langue, car Vancouver est 100 % anglophone, comprendre le langage des banques et autres institutions. Vancouver est très cosmopolite, on y rencontre des gens des quatre coins du monde. Lors de mon premier jour j’ai parlé à un Néo-Zélandais, un Mexicain, une Espagnole, un Indien et j’en passe. C’est une expérience vraiment enrichissante humainement parlant.

Quels postes as-tu occupés, dans quelles structures, depuis ton diplôme ?

J’ai d’abord débuté en tant que Lighting Artist à MPC pendant environ 1 an et demi. J’ai ensuite intégré Bardel Entertainment en tant que LRC artist (Lighting Rendering Compositing).

Aujourd’hui, tu travailles chez Bardel Entertainment. Quel est ton poste ? En quoi cela consiste-t-il au quotidien ?

Après avoir passé un an et demi en tant que LRC Artist, je suis devenu Lead Lighting and Compositing. En début de production, je dois m’assurer que les mises en place pour le lighting et le compositing soient cohérentes avec le film ou la série sur laquelle nous allons travailler. Cela permet à toute l’équipe de travailler de la même manière et de ne pas commencer un plan à partir d’une page blanche. Une fois que les mises en place sont faites, je dois assister la production en donnant les plans aux bonnes personnes en fonction de leurs compétences. Mes journées sont toutes différentes les unes des autres car je suis le contact direct pour tous les artistes en cas de problème technique ou artistique. Je parlais plus tôt de l’importance de garder un œil sur les autres départements qui entourent une production et ma position actuelle est un exemple parfait. Étant en bout de chaîne de production, nous recevons des éléments venant de tous les départements et quand quelque chose ne fonctionne pas nous devons le renvoyer au département en question en expliquant ce qui ne marche pas. Parfois nous devons le réparer nous-même. Enfin, ma tâche de tous les jours est de m’assurer que ce que produit mon équipe correspond aux attentes artistiques du client.

Qu’est-ce qui te plaît dans ton travail actuellement ?

La transmission est pour moi la chose qui me fait me lever le matin et aller au boulot. J’ai la chance d’avoir une équipe très jeune avec peu d’expérience et c’est un plaisir pour moi de transmettre ce que j’ai appris durant mes quelques années d’expériences. Grâce à eux, j’apprends énormément de choses, non seulement artistiquement, mais aussi humainement. Je pense que cette position ne se résume pas à résoudre des problèmes pour les autres, mais aussi et surtout à expliquer pourquoi ce problème existe et comment le résoudre.

Quel est le projet sur lequel tu as le plus aimé travailler depuis ton diplôme ? Celui dont tu es le plus fier ?

Le projet sur lequel j’ai le plus aimé travailler a été Diary of a Wimpy Kid. J’ai débuté en tant que LRC artist sur ce show et mon CG supervisor a décidé de me donner ma propre équipe. Ça m’a mis une énorme pression car je ne savais pas comment gérer une équipe mais j’ai été accompagné par mes superviseurs et ça a été une expérience unique pour moi. J’avais aussi une liberté de création que je n’avais eu sur aucun autre projet auparavant. On reçoit ce que l’on appelle un color key, c’est un concept en couleur représentant l’intention de lumière dans un plan qui va définir l’ambiance pour la séquence. Il m’est arrivé plusieurs fois de changer cette intention pour donner plus d’impact au plan en ayant une lumière respectant les attentes mais changeant drastiquement par rapport au concept. Mes supérieurs me faisaient confiance et m’écoutaient dans mes choix et parfois les proposaient au client qui les acceptait ou non.

Celui dont je suis le plus fier est Detective Pikachu, c’est le tout premier film sur lequel j’ai travaillé et j’ai adoré le film en lui-même. Ayant joué au jeu étant gamin, c’était génial de pouvoir le mettre en lumière et de voir l’évolution du film en interne.

Pour conclure

Enfin, dis-nous tes projets pour la suite ? Comment te vois-tu dans quelques années ?

Je suis en plein processus de demande de Résident Permanent Canadien pour y rester plus longtemps sans avoir à refaire un Permis de Travail tous les ans. J’aimerais, pourquoi pas, être pleinement dans l’enseignement, ou encore dans la position dans laquelle je suis en ce moment qui allie la transmission et le travail artistique et technique. Je me souviens que MPC avait une Académie pour les nouveaux arrivants Juniors, pour leur apprendre le fonctionnement du département Lighting, et j’adorerai le concept d’être l’instructeur.

Quels conseils donnerais-tu aux étudiants pour bien réussir leur diplôme ?

Il n’y a pas de secret, il faut bosser mais par-dessus tout, être passionné. Si vous arrivez dans cette formation ce n’est pas par hasard : il y a eu à un moment une étincelle, quelque chose qui vous a poussé à vous inscrire et franchir les portes de l’école. Quand vous aurez des moments de doutes, souvenez-vous de cette étincelle et si elle est assez forte, elle vous motivera à vous dépasser pour atteindre votre but. Et évidemment éclatez-vous, tout le monde n’a pas cette chance de travailler dans ce milieu. Il y a beaucoup de liberté, on est tous des grands enfants, donc bien bosser maintenant pour pouvoir vous éclater dans votre vie professionnelle.