Maxime Baudin
promotion 2013
Réalisateur
Travaille actuellement chez : Freelance
Maxime Baudin a obtenu son diplôme en Cinéma d’Animation 3D et Effets Spéciaux en 2013. Après un passage dans un studio parisien en animation 3D, sa carrière professionnelle a pris une autre direction, celle de la réalisation en prise de vue réelle. Il nous raconte son parcours.
Retour sur tes années ESMA
POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX D’INTÉGRER UNE FORMATION CINÉMA D’ANIMATION 3D & EFFETS SPÉCIAUX ?
Le travail de l’image m’a toujours plu. J’aimais dessiner, rêver, imaginer, mais aussi construire des choses. Quand j’ai appris l’existence d’une formation comme celle-ci, je me suis dis qu’elle combinait à la fois la technique et l’artistique et que ça comblerait mes envies. J’aimais l’idée que derrière une belle image pouvait se cacher des heures et des heures de travail minutieux.
POURQUOI AVOIR CHOISI D’INTÉGRER LA FORMATION DE L’ESMA ?
J’ai découvert l’ESMA via les films de fin d’études que les élèves de 3e année réalisaient (ndlr, formation en 4 ans à présent). J’adorais voir ces films, et j’ai été très admiratif de voir que ça venait de travail d’élèves. J’ai donc voulu intégrer l’école.
QUE RETIENS-TU DE TA FORMATION À L’ESMA ? QU’EST-CE QUE LA FORMATION & LES ENSEIGNANTS T’ONT APPORTÉ ?
Cette formation m’a apporté un regard différent sur tous les détails qui nous entourent. Ça m’a rendu plus observateur, plus curieux et plus sensible à toute sorte d’art. Mais pas que, la quantité de travail qu’on devait fournir m’a appris à gérer mon énergie physique et mentale qui me sert maintenant dans des moments de rush extrême dans mon travail.
Y AVAIT-IL UNE MATIÈRE QUE TU APPRÉCIAIS EN PARTICULIER ?
C’était pas forcément là où j’excellais, mais j’appréciais les cours d’animation. Il y a quelque chose de magique de donner vie à un personnage. Ça demande beaucoup d’expertise pour être bon dans cette matière, mais j’admirais les belles animations. Il y a un côté jouissif quand on arrive à croire à l’animation que l’on vient de créer.
COMMENT S’EST PASSÉE TON IMMERSION PROFESSIONNELLE APRÈS TA SORTIE DE L’ESMA ? ET QU’ESPÉRAIS-TU À LA SORTIE DE TES ÉTUDES ?
L’immersion s’est plutôt bien passé, je me suis senti apte à débuter dans un studio comme CG Artist. Mais à la sortie des études il y a un choix difficile à faire qui est de trouver sa spécialisation dans ce métier. Pour moi c’était difficile de faire ce choix car j’aimais « globalement » tout. Ce qui me plaisait était de penser le film dans son ensemble. Mais il « fallait » se spécialiser. C’est à partir de là qu’une idée à germer dans ma tête…
à ta sortie d’école, quel a été ton parcours ?
Très vite j’ai été approché par Illumination Mac Guff pour travailler dans le département Hair & Fur. C’était pas ce qui m’excitait le plus, mais j’ai accepté car c’est un gros studio qui m’intéressait. J’y ai travaillé 7 mois, mais j’ai compris assez rapidement que je voulais changer de voie. Si j’aimais « globalement » tout faire dans un film et le penser dans son ensemble, c’est que je voulais tout simplement être réalisateur. « Réalisateur » c’est un mot qui fait peur, je me sentais pas légitime d’en être un. Lors d’un entretien pour un autre studio, le recruteur m’a dit quelque chose qui m’a fait un énorme déclic : « Tu veux être réalisateur ? Prend un 5D et va filmer dans la rue et fais-toi un film ». Bon ok. Challenge accepted !
J’ai donc quitté Illumination Mac Guff pour me consacrer à la réalisation de film en prise de vue réelle. C’était un monde que je ne connaissais pas mais que j’ai pu aborder plus facilement avec le bagage de l’ESMA. J’ai commencé par faire un clip qui m’a coûté de l’argent. Ensuite j’ai réalisé un clip pour 300 €. Et petit à petit on m’a fait de plus en plus confiance pour réaliser des projets de plus en plus ambitieux. Et maintenant il m’arrive de réaliser des pubs avec des budget de 250 000 €.
Ton parcours professionnel
Aujourd’hui sur quels projets travailles-tu ?
Aujourd’hui je gagne ma vie avec la publicité, j’expérimente dans le clip et je développe ce qui m’intéresse le plus : le cinéma.
Tu as fait le choix de devenir réalisateur (pub, clips…). Pourquoi ce choix ?
Il y a une triste réalité dans ce métier de réalisateur c’est qu’il est difficile de vivre uniquement de son côté artistique. La pub est un moyen de bien gagner sa vie et de tester des choses avec des gros budgets. Mais à terme, j’aimerais arrêter totalement la pub et consacrer mon temps uniquement au cinéma.
Pourquoi ne pas être resté dans la 3D et intégrer un studio ?
La 3D est un univers qui me plaît énormément, que j’aimerais d’ailleurs diriger en tant que réal. Mais j’avais un peu trop la bougeotte derrière mon ordinateur, j’avais besoin de voir du terrain. Fabriquer des films réels m’a permis de vivre des expériences folles et d’avoir une approche charnelle et spontanée dans la création, chose que l’on ne retrouve pas forcément dans l’animation.
Est-ce que l’univers de la 3D te manque ? Ou parviens-tu à garder un pied dedans ?
Je me retrouve tellement dans mon métier actuel que la 3D ne me manque pas spécialement. Mais dans mon approche créative, je sens que j’ai gardé des réflexes propre à la 3D qui peuvent me démarquer parfois. J’aimerais intégrer un peu plus de 3D dans certains projets mais je n’ai pas eu spécialement l’occasion pour le moment. Mais rien est définitif 😉
Qu’est-ce que la réalisation t’apporte ?
Elle me permet de m’exprimer totalement artistiquement et d’assouvir mon égo (ahah). Ça m’apporte aussi beaucoup d’aventures car chaque film ouvre une nouvelle porte dans un nouvel univers…
AS-tu envie de te lancer dans un long métrage un jour ?
Oui c’est l’objectif. Je développe plusieurs projets en simultané pour m’emmener progressivement vers le long-métrage. Je travaille sur des courts-métrages, séries, mais le long-métrage est le format parfait à mon goût. C’est une pièce cinématographique unique à déguster.
Tu es également musicien et compositeur de musiques. En quoi cet aspect est-il important pour toi ?
J’ai une affection particulière pour la musique que je trouve aussi importante que l’image dans un film. Mettre en image une musique est très satisfaisant et l’inverse également. Mon côté musicien m’a permis de construire un film comme une musique, à penser le montage comme un rythme percussif, voir les couleurs comme une mélodie…
Comment mènes-tu ces deux aspects de front ?
J’alterne entre la réal et le piano. Quand je me prends la tête sur un projet de film, je file sur mon piano me libérer artistiquement, sans contrainte. Quand la musique m’inspire plus, je me reconcentre sur les films. Mais le piano reste un kiff secondaire, je ne mets pas toute mon énergie dedans pour en faire une carrière. Mes albums sont surtout un plaisir personnel.
Tu as composé la musique de ton film de fin d’études, Monkey Symphony, peux-tu nous en parler ? Pourquoi tenais-tu à composer la musique ?
Je trouvais ça trop cool d’avoir l’opportunité de faire la musique de son propre film. Alors j’ai commencé à écrire Monkey Symphony autour du piano qui était un sujet qui me parlait. Je composais la musique du film en même temps que j’écrivais le scénario. Ça me semblait beaucoup plus facile de collaborer avec moi-même de ce côté-là que de travailler avec un compositeur. Quand scénaristiquement il y avait un problème, je modifiais la musique pour arranger. Pour une musique un peu plus complexe, on a quand même fait appel à un autre pianiste.
Que ressens-tu lorsque tes projets sont partagés sur internet ou lors de concerts ? Attaches-tu de l’importance aux retours ?
C’est toujours plaisant de voir de l’engouement autour d’un projet fini. Je portais énormément d’importance à ça jusqu’au jour où un film a vraiment buzzé (Paris, on t’aime aussi) et a atteint des sphères de fachos qui ont commencé à commenter. Ça m’a fait beaucoup de peine, je me suis dis qu’il fallait que je m’en détache si je voulais continuer à créer. Désormais, je fais en sorte de garder mes distances avec les retours, même s’ils sont bons, pour me protéger.
As-tu des influences, tant pour la musique que pour la réalisation ?
Évidemment. Je jalouse beaucoup d’artistes qui m’inspirent en permanence. La liste serait trop longue donc je vais citer un film qui m’a mis une claque autant visuellement que musicalement : Koyaanisqatsi de Ron Fricke avec une BO de Philip Glass.
Y a-t-il une signature Maxime Baudin ?
Difficile à dire. Je la cherche encore et toujours. Mais quand je regarde tous mes projets, il y a finalement un certain style qu’on retrouve je crois.
Y a-t-il un projet, dont tu est particulièrement fier ou qui te tient à cœur, et que tu souhaiterais partager avec nous ?
Je me suis amusé à faire une fausse pub Nike dernièrement pour tester une petite caméra 360°. C’était un projet hyper spontané où j’ai contacté des gars sur Instagram qui faisaient du basket. Je les ai filmés pendant 1h30 à l’arrache complet et je trouve que cette vidéo est au final vraiment cool.
Pour conclure
QUELS SONT TES PROJETS à venir ?
3 court-métrages, un long au stade embryonnaire et un projet personnel purement artistique. Je calme la pub qui m’a fatigué ces derniers temps.
POUR FINIR, UN PETIT CONSEIL À DONNER AUX ÉTUDIANTS ET FUTURS ÉTUDIANTS ?
Travaillez beaucoup, mais faites le avec le kiff, avec les tripes. Soyez ouvert, soyez curieux. Laissez parler ce qui vous fait vibrer à l’intérieur de vous qui fera votre précieuse singularité. Croyez en vous en toute humilité.
Son site internet : maximebaudin.com