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Josselin Jallut


promotion 2009

CFX TD
Travaille actuellement chez : Illumination MacGuff

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Josselin Jallut, technicien hors pair, est CFX TD chez Illumination Mc Guff. Embauché chez eux deux mois après être sorti diplômé de l’ESMA, en 2009 ; Josselin est un avant-gardiste qui s’est spécialisé dans le close avant même l’expansion de cette pratique. Cela lui a permis, dès ses débuts, de former ses collègues à cette branche bien particulière des effets spéciaux.

Retour sur tes années ESMA

POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX D’INTÉGRER UNE FORMATION CINÉMA D’ANIMATION 3D & EFFETS SPÉCIAUX ?

Au départ je faisais un peu de 3D dans mon coin, puis il s’est avéré qu’au détour d’essais personnels, j’ai téléchargé maya. Encouragé par ma mère, je suis allé aux journées portes ouvertes de l’ESMA et j’ai alors réalisé que c’était un univers qui me correspondait. Je me suis donc inscrit à l’ESMA de Montpellier en 2006 et j’ai suivi les trois années du cursus de Cinéma d’Animation 3D et Effets Spéciaux. Au fur et à mesure de la formation, je me suis découvert plus technicien qu’artiste. C’est pour cela que je me suis orienté vers les données techniques.

QUE RETIENS-TU DE TA FORMATION À L’ESMA ?

Je retiens l’instruction globale du logiciel, l’endurance et la recherche de l’excellence dans tous les domaines. En termes de connaissances, j’ai eu la chance de pouvoir former les nouveaux arrivants dans l’entreprise sur des outils qu’ils ne connaissaient pas. Ça me paraissait bizarre qu’ils ne connaissent pas cela, alors que pour moi il s’agissait d’outils que j’utilisais tous les jours lors de ma formation à l’ESMA. Au fil du temps je me suis rendu compte qu’à l’ESMA il y avait une rigueur sur la connaissance du logiciel qui était plus poussée que dans d’autres écoles.

POURQUOI AVOIR CHOISI D’INTÉGRER LA FORMATION DE L’ESMA ?

C’est là où je me suis senti le mieux accueilli, et puis le fait que l’école soit à Montpellier me convenait bien également. En plus, à ce moment-là, j’ai l’un de mes cousins qui était en troisième année à l’ESMA. Il me disait être bien dans cette école et satisfait de la formation qu’elle proposait.

QU’EST-CE QUE LA FORMATION & LES ENSEIGNANTS T’ONT APPORTÉ ?

La rigueur, le travail bien fait, ainsi qu’une capacité à bosser beaucoup et longtemps sans problème. Enfin, je dirais que la formation m’a apporté une connaissance poussée sur l’intégralité du domaine qui m’a ensuite permis d’être plus à l’aise en production.

Y AVAIT-IL UNE MATIÈRE QUE TU APPRÉCIAIS EN PARTICULIER ?

Même si je n’étais pas très fort en dessin, l’animation 2D était un cours que je trouvais bien sympa. J’aimais aussi beaucoup l’analyse d’image et de séquence, car je trouvais dingue de découvrir tous les codes d’un film regroupés dans une seule image ou une seule séquence.

Mais bon j’étais là pour faire de la 3D, et j’ai particulièrement apprécié les FX (effets spéciaux). Même si à l’époque l’enseignement de cette matière n’était pas aussi poussé qu’aujourd’hui.

COMMENT S’EST PASSÉE TON IMMERSION PROFESSIONNELLE APRÈS TA SORTIE DE L’ESMA ?

Grâce à l’ESMA, des journées de recrutements étaient organisées après la projection de nos films de dernière année.

À cette occasion, j’ai eu la chance d’être accompagné par Gérard Raucoules (responsable de la formation Cinéma d’Animation 3D & Effets Spéciaux) qui a poussé certaines personnes à me donner une chance. Je le remercie encore d’avoir poussé les gens à croire en moi.

J’ai eu ma première place chez Illumination Mac Guff deux mois après la projection du film de fin d’année. Je suis tombé dans un département où peu de gens étaient déjà formés, tandis que j’arrivais avec un cv qui montrait que j’avais déjà travaillé sur un court-métrage et sur la simulation de vêtement. Cela m’a permis d’avoir le poste assez facilement pour pouvoir commencer en tant que junior dans ce domaine-là. J’ai ensuite pu gravir les échelons sans trop de difficultés car j’avais déjà une vision globale de la technique, me permettant d’emmagasiner plus facilement les nouvelles informations.

De notre promotion 2009, 80 % des étudiants ont trouvé du travail dans les trois mois qui ont suivi la fin des études. Mes débuts ont été sur Moi moche et méchant.

Ton parcours professionnel

DEPUIS TA SORTIE D’ÉCOLE TU TRAVAILLES CHEZ ILLUMINATION MACGUFF EN TANT QU’ARTISTE CFX. PEUX-TU NOUS PARLER DE TON POSTE ACTUEL, EN QUOI IL CONSISTE ET EN QUOI TE PLAIT-IL ?

En dehors d’Illumination Mac Guff, je n’ai travaillé que pour un seul autre studio : Bibo Films, sur le film Un Monstre à Paris.

L’avantage c’est qu’au début je ne faisais que du plan. C’est-à-dire que j’utilisais le travail d’autres personnes pour faire ma simulation au plan, de mes différents personnages. Au fur et à mesure j’ai franchi les étapes et je suis passé dans l’équipe des setupers. Cela consiste à créer tout le système dynamique du personnage, qui est ensuite utilisé par tous les graphistes qui sont au plan.

Enfin, le rôle du graphiste au plan est de corriger et changer un peu les paramètres pour faire passer la simulation au plan. Mais il faut avoir plus de connaissances techniques au set up qu’au plan.

Le CFX (character FX) sont les effets spéciaux qui sont directement rattachés à un personnage ; c’est-à-dire l’animation par la simulation dynamique des vêtements et des cheveux. Close signifiant « tissus » on s’occupe également de la construction des sets (décors, rideaux, …) et de tout éléments souples.
C’est une branche spécifique des effets spéciaux car on est un peu dans la famille des FX, tout en faisant partie de l’animation. Je vois cela comme une sublimation de l’animation car on rajoute des détails à l’animation des personnages.

Je pars du principe que si le travail est bien fait ça ne se voit pas, et que si c’est mal fait ça se voit. Il faut que cela soit réaliste tout en restant dans l’univers graphique du film que l’on est en train de faire. Plutôt que dessiner créer des mouvements, je vais plutôt utiliser des algorithmes à travers la machine pour m’aider à faire le mouvement dont j’ai envie et besoin.

Ce département est assez généraliste dans sa connaissance et c’est ce que j’aime. C’est pour cela que j’y suis resté. Il faut des connaissances de textures pour influencer notre FX, et on travaille directement avec le hair pour générer la dynamique sur les cheveux, ce qui permet de comprendre comment sont fabriquées les coiffures.

J’aime mon métier car je ne m’ennuie jamais. Il y a toujours des chemins différents pour arriver au même résultat.

QUELLES SONT LES COMPÉTENCES ET QUALITÉS DEMANDÉES POUR FAIRE CE MÉTIER ?

L’observation de la réalité et des films d’animation qui existe déjà. Je pense qu’il faut également avoir une certaine connaissance du dessin. Surtout au niveau du cartoon.

Il est important aussi d’avoir une certaine maîtrise du timing. Par exemple, si l’on a juste une boule avec deux yeux., il est clair qu’il n’y a rien au niveau modélisation et que le graphisme est pauvre. Pourtant un animateur, avec le bon timing et les bonnes formes, peut donner vie à cette boule et ces deux yeux.

C’est pour ça que dans la plupart des grosses entreprises d’animation, le département animation est celui qui est le plus mis en avant car c’est celui qui donne vie au personnage, qui donne la qualité d’un film. Même si graphiquement ce n’est pas joli, si l’animation est réussie, ça passera forcément mieux que quelque chose de réaliste.

CURIOSITÉ : ES-TU ALLÉ VOIR CES FILMS AU CINÉMA ?

J’attends toujours un petit peu avant d’aller voir les films sur lesquels j’ai travaillé. On nous propose des projections privées mais je n’y vais pas souvent. Je préfère attendre et aller le voir une fois que j’ai déconnecté du travail que j’ai pu avoir dessus.

Est-ce que tu as l’impression que ta formation t’a aidé à travailler avec les autres services de l’animation, dans ton travail actuel ?

À l’époque on n’apprenait pas le close, mais la formation à l’ESMA nécessitait d’être capable de comprendre le fonctionnement des autres services de l’animation 3D. Il est clair que cela m’a été utile lorsque je suis arrivé chez Illumination Mac Guff car ce département demande d’avoir des connaissances en animation, en technique de dynamique, en rigging, mais aussi en technique de textures.

Les artistes CFX ont une connaissance assez globale des petits outils et c’est ce qui est intéressant dans ce métier car on ne s’ennuie jamais. Il existe plein de chemins différents pour arriver au même résultat. De ce fait, on a tendance à vouloir maîtriser l’intégralité des outils du logiciel pour pouvoir arriver à nos fins. Or, avec la formation à l’ESMA, on a cette vision et cette connaissance d’ensemble qui permet d’être sûr de ce qu’on fait, tout en ayant conscience des problématiques des départements suivants.

Quelles sont tes influences ?

Je n’ai pas vraiment d’influences. Bien sûr, les films PIXAR me plaisent beaucoup du fait de l’association du cartoon et du réalisme. Cela fait partie des éléments intéressants au niveau de l’inspiration. Au sein du studio Mc Guff, mes supérieurs m’ont apporté leur savoir-faire, leurs visions sur les choses, et c’était inspirant. Dernièrement j’ai travaillé avec un superviseur, Milan Voukassovitch, avec qui j’ai eu une bonne entente au niveau du travail. Lors de nos projets communs, on cherchait toujours à aller de l’avant, avec de nouvelles techniques, pour avoir un meilleur rendu.

Toutefois la simulation de vêtement n’est pas un domaine médiatisé, du coup il n’y a pas de nom qui ressort. Il n’y a pas de star du close.

Quel a été ton dernier projet de film d’animation ?

Je viens de finir de travailler sur Sing 2 (titre français : Tous en Scène 2). Je trouve d’ailleurs que c’est une bonne suite, intéressante.

Si tu devais qualifier ton métier en 3 mots ?

Observation, technique et animation. Je dirais même que c’est la technique de l’observation de l’animation.

Pour conclure

Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui voudrait se lancer dans cette voie ?

Il faut essayer de consacrer toute son énergie dans l’animation, afin de mettre ses années de formation au service de son futur. Ne faire que ça ! Que cela soit à l’école ou en dehors de l’école. De tester et regarder des choses, apprendre différents domaines car on ne sait pas encore celui qui nous plaira et qui nous conviendra le plus. Il faut trouver la spécialité dans laquelle on va s’éclater.

Je me rends compte que même si j’ai eu une formation globale, il y a certains éléments que j’ai appris seulement en surface et que j’aurais dû approfondir.

Je leur conseille de se consacrer le plus possible à leurs études et de ne pas hésiter à tester différents logiciels. C’est le meilleur moment pour tester car ils n’ont pas encore d’habitude. Il ne faut pas craindre de poser des questions. Il est très utile d’aller dans des studios pour voir comment ça se passe, ou de poser des questions techniques sur internet. C’est maintenant qu’il faut expérimenter des choses car une fois dans la vie active on perd l’envie de se remettre sur l’ordinateur pour faire des projets personnels après une journée de travail.