arrow back
retour 

Jasmine Ghoreishi


promotion 2015

Senior Animator

LinkedIn icon

Jasmine Ghoreishi, fascinée par l’animation, a toujours voulu raconter des histoires à travers sa passion pour les disciplines artistiques. Elle est désormais Senior Animator chez Framestore.

Retour sur tes années esma

QUEL A éTé TON CURSUS AVANT D’INTéGRER L’ESMA ? ET TON PARCOURS à L’ESMA ?

Vouloir devenir artiste en grandissant a fait un peu peur à mes parents qui ont insisté que je fasse un BAC ES normal plutôt qu’un BAC art appliqué. Mais sortant du Bac je voulais toujours aller dans les arts. Alors j’ai décidé de faire une MANAA (à l’époque ça existait toujours) à Lyon ce qui m’a permis de découvrir tous types d’art différents (architecture, textile, infographie, dessin de nues, etc.).
J’avais toujours été fascinée par l’animation en général mais l’animation 2D semblait plus fermée comme choix de carrière que l’animation 3D. Alors j’ai fait mes recherches et je suis tombée sur l’ESMA Montpellier à laquelle j’ai postulé, « and the rest is history » (sic).

affiche film esma la vague

QUEL A éTé TON PARCOURS à L’ESMA ?

A l’époque, l’ESMA proposait un cursus en 3 ans. Un programme extrêmement intense. Je n’avais jamais vraiment passé de temps sur un ordinateur. Dès les premiers cours d’animation, modélisation, compositing, etc. j’ai douté de mes capacités à suivre autant de cours techniques et de tant d’écran. Mais je me suis faite très vite. C’est ça la réalité de l’animation 3D. J’avais toujours voulu raconter des histoires, faire des films comme à Disney ou Pixar. Si être devant un ordinateur la majorité du temps me permettait de réaliser ce rêve, « so be it! ». On s’accroche et on s’adapte ! Un programme de Masters en 3 ans, ce n’est pas tous les jours facile.

Les profs que j’avais à l’époque ont dû faire leur chemin depuis. C’était d’anciens professionnels qui étaient devenus professeurs. Ils pouvaient nous apporter de vrais comptes rendus d’expériences pour notre propre futur dans le monde professionnel. Mais c’est bien là la différence de ressenti. Un professionnel « professeur » va s’adresser à un élève comme il s’adressait à un collègue ou subordonné. Ils étaient comme des superviseurs qui attendaient les meilleurs résultats de leurs équipes. J’ai vu que le campus a déménagé et s’est agrandi ! La chance ! A l’époque, cet environnement intense nous avait rapprochés davantage entre nous élèves.

La dernière année de nos études à l’ESMA, nous passions notre temps ensemble. Nous nous entraidions entre groupes pour finir nos films, pour rester motivés, pour garder la tête haute. Bien sûr rien n’était tout rose, mais cela nous a permis à tous de rentrer dans le monde professionnel rapidement et d’être prêt à toute épreuve.

QUEL EST TON RESSENTI DU CYCLE D’éTUDES ?

Étudier à l’ESMA m’a appris à savoir travailler efficacement, vite et sous l’effort. A développer mes capacités artistiques et à évoluer en équipe pour créer les meilleurs résultats. Je suis sortie de l’école avec une faim de savoir et d’expérience.

Ton parcours professionnel

COMMENT S’EST PASSéE TON IMMERSION PROFESSIONNELLE APRèS LA SORTIE DE L’ESMA ?

A la fin du cursus nous devions présenter notre film de fin d’année (j’ai travaillé sur le film La Vague, j’ai surtout participé sur le chara design, storyboard at animation du film) devant un jury composé de recruteurs de différentes boites (film, publicité, jeux vidéo, etc.). Nous avions l’opportunité de passer des entretiens avec certains d’entre eux.

Ce jour-là, j’ai pu avoir un entretien avec une boite anglaise The Mill, basée à Londres. Un mois plus tard après avoir fini l’ESMA, j’ai pu déménager à Londres, où je vis toujours 7 ans plus tard !

Intégrer le monde professionnel en sortant de l’ESMA était plutôt stressant au début, surtout qu’on y ajoute le déménagement seule dans un nouveau pays loin de la famille où tout se passe dans une autre langue (je suis bilingue, donc pas de problème à ce niveau-là) mais très vite j’ai pu m’adapter grâce à mes capacités accumulées durant le cursus a l’école.

Travailler en tant que professionnel n’était pas si différent que d’être à l’ESMA. Au contraire, c’était même plus agréable et fluide. On est entouré par des collègues qui adorent leur boulot, des superviseurs qui n’ont que de retours clairs et motivants, des geeks qui sont tous dans le même bateau qui chavire et qui soude une équipe avant la deadline finale. Après on va tous au pub ensemble pour décharger de la journée.

PEUX-TU NOUS PARLER DE TON MéTIER ? EN QUOI CONSISTE-T-IL ET EN QUOI TE PLAîT-IL ?

Je me suis spécialisée dans l’animation (donner vie à des personnages, des objets, des animaux…). J’ai toujours été passionnée par le mouvement, l’anatomie, le corps humain, comment les choses bougent, etc. Être animateur c’est comme être un acteur mais derrière un ordinateur. On donne une performance d’acteur à travers une marionnette virtuelle.

Pour devenir animateur il faut avant tout être passionné de mouvement, d’acting, de magie, avoir envie de raconter des histoires, de vouloir faire voyager le spectateur à travers des mondes et périodes différentes. Il faut prêter attention au détail, une habilité (sic) à donner une âme et des émotions à une marionnette virtuelle et rendre cela crédible. Même si je me suis spécialisée en Animation, avoir étudié à l’ESMA m’a permis de connaitre toutes les étapes de production d’un film donc je peux également discuter avec les autres départements dans la boite et comprendre ce qui se passe.

PARLE NOUS DES DIFFéRENTS PROJETS SUR LESQUELS TU AS éTé AMENée à TRAVAILLER DANS LES DIFFéRENTS STUDIOS Où TU AS EXERCé ?

Après avoir passé presque deux ans à The Mill en tant que Junior (boite de publicité et clip musicaux, etc.) je suis partie travailler dans un studio de films, Framestore, également à Londres, compagnie dans laquelle je suis toujours 5 ans plus tard, maintenant en tant que Senior Animator (et je l’espère, en tant que Lead Animator dans les 5 prochaines années).

Dans le monde de la publicité, les projets sont plus courts et le tempo et beaucoup plus rapide qu’en film. On ne s’ennuie jamais, on change d’équipe tout le temps, on rencontre de nouveaux collègues, c’est génial ! J’ai pu utiliser mes qualités d’efficacité et de travail accéléré sous pression pour atteindre les deadlines à temps et créer un portfolio rapidement. Quand je suis passée de pub a film, j’ai pu ralentir le rythme et vraiment développer un œil critique, une patience sur le long terme (un projet en pub c’est entre 2 et 5 mois et puis on passe à autre chose ; un projet en film peut être entre 5 mois jusqu’à 2ans et même plus). Le travail sur le long terme demande un énorme effort en communication entre collègues et départements, une attention au détail beaucoup plus précise qu’en publicité. Mais le résultat en vaut la peine surtout quand on voit son nom dans le générique sur grand écran !

Depuis 2017 quand j’ai débuté à Framestore, j’ai pu choisir différents projets qui représentaient un nouveau challenge pour moi. De nouvelles compétences à développer sur chaque film.
Paddington 2 a été mon premier film sur lequel j’ai contribué, c’est mon projet préféré à ce jour.
Ensuite j’ai pu animer sur Detective Pikachu a Pokemon Movie, Lady and the Tramp, His Dark Materials series, Tom & Jerry Movie, Les Gardiens de La Galaxy vol.3, et enfin La Petite Sirène de Disney.
Des projets de styles/genres différents avec des protagonistes d’espèces différentes, qui rendent mon portfolio intéressant et diversifié.

Pour conclure

DES CONSEILS POUR LES FUTURS éTUDIANTS.es…

C’est un monde où il faut s’avoir s’adapter. Et vite ! Les équipes changent, les outils changent, l’approche à l’animation change, le directeur du film passe son temps à changer d’avis donc on recommence le plan, on change de compagnie donc on change de pipeline, etc. c’est un monde qui bouge. Il faut rester accroché, mais ça vaut le coup ! Au moins on ne s’ennuie pas ! Le monde aura toujours besoin de publicité, d’histoires à raconter, de films à partager, de jeux vidéo à créer. Le monde a besoin d’artistes de tous genres ! Le top du top c’est de pouvoir travailler avec des anciens de l’ESMA, car en plus de travailler sur les mêmes projets, on partage un lien plus fort à avoir suivi la même formation.