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Elodie HOUARD


promotion 2013

Rigger
Travaille actuellement chez : Cinesite

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Persévérance et découverte, sont les traits caractérisant Elodie Houard, ancienne étudiante de l’ESMA. Sa curiosité la pousse tant à approfondir ses connaissances et compétences dans son métier de rigger que dans sa vie personne à partir à l’aventure. Découvrez son parcours ainsi que son portrait !

Retour sur tes années ESMA

Qu’est-ce qui t’a poussé à te diriger vers le monde du cinéma d’animation 3D et des effets spéciaux ? Et pourquoi avoir choisi d’intégrer la formation de l’ESMA ?

Au lycée j’avais déjà choisi une voie artistique, j’étais en arts appliqués. J’ai toujours aimé le dessin et l’art en général. Après 3 ans d’arts appliqués, je me suis dit que ce n’était pas exactement ce que j’aimais. Oui, j’aimais le dessin mais il manquait quelque chose. Je voulais concilier dessin et informatique. Un ami m’a parlé de l’ESMA et j’ai su que c’était ce que je voulais faire. La formation rassemblait tout ce que j’aimais !

Qu’est-ce qui te plaît dans le monde de l’animation 3D et des Effets Spéciaux ?

La liberté de création ! Il y a très peu de limites à ce que l’on peut faire et la technologie avance tellement vite que les défis sont toujours repoussés. Notre imagination est plus ou moins la seule barrière.

Qu’est-ce que la formation t’a apporté ?

La formation m’a apporté une rigueur qui est très appréciée dans les studios. On a appris à être rapide et efficace et c’est un sacré avantage quand on démarre dans le marché du travail. J’ai choisi ma spécialité le rigging car, justement, j’aime cette rigueur.

Y avait-il une matière que tu appréciais en particulier ?

Le rigging justement. Ça ne dépend pas d’un avis esthétique, il faut atteindre une certaine déformation et ça marche ou ça ne marche pas. Et on a tellement de moyens différents pour y arriver et on peut sans cesse améliorer notre technique.

Qu’est-ce que l’enseignement et les professeurs t’ont apporté ?

Chaque professeur à sa propre vision des choses. Ça nous prépare à jongler avec les différentes attentes qu’on aura de la part des autres départements. Beaucoup de personnes n’ont plus ou moins aucune idée de ce que font les riggers. Assez peu d’écoles donnent une vraie formation en rigging. Donc des fois réussir à expliquer ce qu’on peut faire ou ne pas faire pour résoudre un problème est un véritable exercice.

Comment s’est passé ton immersion professionnelle après ta sortie de l’ESMA ?

J’ai mis quelques mois à trouver mon premier emploi. Le rig est une partie très importante sur les projets. Si le rig est mauvais, le résultat de l’animation sera mauvais donc le premier poste n’est pas le plus facile à trouver mais une fois que l’on a mis le doigt dans l’engrenage, ça roule tout seul !

Les riggers sont très recherchés pour leur savoir-faire, d’ailleurs, il y a assez peu de riggers et encore moins de fille qui exercent ce métier ! Mais ça change, heureusement ! Je vois de plus en plus de fille se lancer.

Ton parcours professionnel

Peux-tu nous présenter tes passages chez les différents studios où tu as exercé ? Qu’est-ce que ces différentes expériences ton apportées ?

J’ai commencé à 2d3d Animation à Angoulême, en France, où l’on faisait de la réparation/adaptation de rig qui venait d’Italie. Cette expérience m’a permis de me familiariser avec le fonctionnement d’un studio.

Puis après, est venu le temps de l’expatriation pour moi ! Je suis partie à MPC à Londres pour m’essayer au vfx. J’y suis restée 6 mois mais rapidement je me suis rendue compte que ce n’était pas fait pour moi. Il me manquait la liberté qu’on peut avoir quand on travail sur du cartoon. Donc même si j’ai adoré la vie londonienne je suis partie pour la Belgique, chez Nwave à Bruxelles.

Là, j’ai vraiment aimé mon travail ! On avait une super équipe et de très bons outils de travail. Là-bas j’ai reçu une formation en rig facial très poussée de Matthieu Deltour, un ancien de l’ESMA lui aussi, qui était lead facial là-bas. Et Jérôme Drese, mon superviseur, m’a énormément appris en me donnant des cours de script sur notre temps libre car j’avais dit vouloir m’améliorer en python.

Après 2 ans là-bas j’ai voulu changer donc j’ai troqué la pluie belge contre la neige canadienne et me voilà au Québec ! Sacré changement que de quitter l’Europe mais je ne le regrette pas du tout, j’adore Montréal ! Maintenant je travail donc à Cinesite depuis deux ans et demi en tant que facial rigger.

à présent, quel est ton poste actuel et en quoi consiste-t-il ?

Je suis actuellement senior facial rigger. Je m’occupe de toutes les déformations faciales des personnages, rig / blendshape etc. et de temps en temps je développe quelques outils pour faciliter/accélérer toujours plus mon travail.

Qu’est-ce qui te plaît dans ce poste ?

La liberté d’action. Tant que le résultat est là et respecte les normes on peut s’organiser comme on veut. Chaque rigger à sa technique et sa façon de faire et on peut reconnaître le travail d’un autre rigger simplement en ouvrant une de ses scènes de travail. C’est un peu comme une signature, il y a autant de technique que de riggers. On peut échanger sur nos techniques et voir ce qui nous convient le mieux et les adapter avec de nouvelles idées.

Quelles sont les compétences et qualités demandées pour faire ce métier ?

Être débrouillard. S’il y a un problème de rig, il faut le résoudre point. Toutes les techniques sont plus ou moins admises, mais il est nécessaire de trouver une solution, on a pas le choix. Il faut faire preuve d’imagination aussi.

Il semblerait que la profession de rigger soit plus connotée « masculin ». Peux-tu nous donner ton avis là-dessus ?

Totalement ! Actuellement nous sommes quatre filles pour douze garçons. Et encore, là nous sommes ravies car nous considérons être beaucoup de filles ! En France et en Belgique j’étais la seule fille et en Angleterre on devait être une dizaine de filles pour cinquante garçons sur tout l’étage.

Petit à petit c’est en train de changer. De plus en plus de filles prennent des postes à prédominance masculine et c’est pour le mieux ! Après homme ou femme, nous aimons tous notre travail et nous sommes avant tout des artistes. C’est toujours mieux si on peut atteindre une égalité. Le monde évolue !

Peux-tu nous parler des différents projets sur lesquels tu as été amenée à travailler dans les différents studios où tu as exercé ?

A 2d3d animation j’ai travaillé sur un projet de l’UNICEF : Iqbal l’enfant qui n’avait pas peur. Il s’agit d’une histoire vraie sur le travail des enfants. Le projet mêle à la fois de la 2D et de la 3D.

Au studio MPC j’ai été sur pas mal de projets mais jamais sur une durée très longue. J’ai travaillé sur Chair de PouleThe Finest Hour ou encore Seul sur Mars même si c’était un passage plus qu’éclair à la fin de mon contrat.

Chez Nwave ma mission a plus tourné autour du film Le fils de Bigfoot.

Et enfin au studio Cinesite, j’ai travaillé sur Trouble, Star, Riverdance et Extinct. Les deux derniers étant mes projets préférés. J’ai hâtes qu’ils sortent en 2020 !

à l’ESMA vous étiez un petit nombre a fabriquer un film. maintenant tu travailles avec des équipes plus conséquentes. Comment cela se passe avec tes collaborateurs et les autres départements ?

La dynamique reste la même et l’ESMA nous a bien formé pour ça. Dans les grandes structures, pour faire passer un message il ne suffit pas de se retourner vers ses collègues pour en discuter, il faut faire des emails et des réunions (bien que des fois, une petite discussion vite fait sur un coin de bureau soit plus efficace et rapide donc on le fait toujours).

Il faut également apprendre à gérer avec les gens qui proviennent du monde entier et donc prendre en compte la culture de la personne en face de nous pour éviter l’incompréhension et ils n’ont pas non plus eu la même formation que nous. Il peut arriver que certains ne savent pas du tout ce qu’est le rigging. En tant que français on est très francs il faut souvent faire attention à ce qu’on dit pour qu’ils ne s’offusquent pas, même si pour nous ce qu’on a dit était gentil haha !

Tu as travaillé dans des petits studios lors de tes stages et dans des structures d’envergure internationale. Quel est ton ressenti ?

Chaque studio à des avantages et des inconvénients. La qualité des outils diffère mais ce qui change le plus c’est la hiérarchie à respecter. Dans un gros studio, dès que l’on doit faire ou demander une retouche, cela doit passer par des email, les leads et les coordinateurs, alors que dans une plus petite structure, un simple email, un tchat ou une petite discussion suffisent.

Tu as pas mal bougé sur différents pays : Angleterre, Belgique, Canada. As-tu constaté des différences de travail selon les pays ?

Non tous les studios essaient au maximum de se « mondialiser ». Cela passe déjà par la pratique généralisée de l’anglais. Les grosses structures partagent souvent leur travail avec d’autres studios donc il faut vraiment faire un travail propre et normalisé. Et comme les artistes viennent du monde entier, où que l’ont soit, on retrouve toujours un peu la même chose partout.

Était-ce un choix de ta part de partir dans plusieurs pays ou as-tu répondu à des opportunités ?

Les deux ! J’adore voyager donc je profite des opportunités qui me sont proposées pour partir. C’est l’avantage de notre métier, on peut aller un peu de partout sans problème ! Quand je suis à un endroit, j’en profite pour visiter le pays et les pays au alentour.

Au cours de tes différents postes, as-tu été amenée à travailler avec des anciens de l’ESMA ?

Oh oui ! Où que l’on aille, il y a des anciens de l’ESMA absolument de partout ! Le monde est petit. A vrai dire, c’est les studios où il n’y a pas d’anciens de l’ESMA qui sont difficiles à trouver ! Dans mon équipe actuelle nous sommes deux anciens de l’ESMA.

Montréal est, en général, un repère à ancien de l’ESMA, nous sommes une très grosse communauté ici.

Y a-t-il un projet dont tu es particulièrement fière ?

Oui le projet que l’on est en train de finir : Extinct. Il va vraiment être super, très beau avec une histoire amusante et très intéressante au niveau du rig. Ça change des humains classiques puisqu’on y parle d’une race « éteinte » d’animaux, donc il y avait vraiment de quoi s’amuser !

Pour conclure

Alors, comment c’est la vie au Canada ?

C’est super ! C’est évident mais pour moi qui vient du Sud de la France, je n’avais presque jamais vu la neige de ma vie et bien là, je suis servie ! Cet hiver, j’ai eu plus d’un mètre de neige par endroits dans mon jardin ! Et le froid n’est pas si terrible une fois qu’on est bien équipé même si j’avais peur quand j’avais appris que le -20° était normal en hiver. Montréal est une ville qui bouge beaucoup, il y a toujours un festival quelque part.

Souhaites-tu encore voyager un peu ou penses-tu rentrer en France ?

La France n’est pas dans mon planning pour l’instant. Je suis en attente de résidence permanente au Canada pour pouvoir m’établir ici de façon durable mais cela ne m empêchera pas de continuer à voyager entre deux projets.

Quels sont tes projets d’avenir ? Où t’imagines-tu dans 5 ans et que feras-tu ?

5 ans c’est bien loin ! Il y a 5 ans je ne m’imaginais pas ici en tout cas, ça c’est sûr ! Donc c’est dur de se projeter aussi loin mais je pense rester à Montréal un bon moment car je m’y plais beaucoup. Pour le reste on verra bien !

Pour finir, un petit conseil à donner aux étudiants et futurs étudiants ?

S’accrocher ! Le parcours peut sembler difficile et va sûrement demander des sacrifices mais il faut tenir bon car le résultat en vaut vraiment la peine. Il faut croire en soi tout en sachant prendre du recul. Le secret réside dans la persévérance.