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Premiers pas dans la vie active – Claire Maury & Rémi Portes Narrieu


Actualités . 06 Août. 2021

De Londres à Tokyo, nos jeunes diplômés n’hésitent pas à parcourir le monde afin de mettre leur talent au service des studios. Claire Maury a pris ses quartiers dans la capitale anglaise tandis que de son côté, Rémi Portes Narrieu a préféré l’Orient : le Pays du soleil levant.

Il leur aura fallu quatre années pour pouvoir obtenir leur précieux sésame, le diplôme en Cinéma d’Animation 3D et Effets Spéciaux. Une fois ce précieux sésame acquis, Claire Maury, co-réalisatrice du film Service Après Vie, a opté pour renforcer les effectifs du studio londonien Blue-Zoo Animation en tant que junior modeler ; de son côté, Rémi Portes Narrieu, co-réalisateur du film The Other Me, a fait un choix bien plus exotique en s’expatriant au Japon pour rejoindre le studio Sola Digital Arts, là où il avait déjà réalisé un stage au cours de sa formation.

COMMENT S’EST PASSÉE TA RECHERCHE D’EMPLOI ?

Claire Maury (C.M.) : J’ai commencé par faire une liste de studios dont les projets et univers m’intéressaient et dans lesquels j’apprécierais beaucoup de travailler – pour ma part, il s’agissait principalement de studios avec des projets de séries/pubs cartoon ou encore de courts-métrages d’animation. J’ai notamment effectué mes recherches grâce au réseau Linkedin. Ensuite, j’ai peaufiné ma bande démo et mis à jour mon CV avant d’envoyer mes candidatures.

J’ai pris un peu de repos à la fin de la formation, mais une fois que je me suis réellement mise à chercher du travail, ça n’a pas pris très longtemps et je signais déjà mon premier contrat de travail début décembre 2020. Après avoir envoyé quelques candidatures, j’ai rapidement eu un entretien et ai été embauchée par mon studio actuel.

Arthur et son ombre, The Other Me

Rémi Portes Narrieu (R.P.N.) : Ma recherche d’emploi a d’abord commencé le lendemain de la projection de nos courts-métrages au cinéma. La journée entière était dédiée à la rencontre entre les élèves tout juste diplômés et les studios. J’y ai donc passé quelques entretiens et récupéré plusieurs mails.

Après quelques jours de pause, j’ai commencé à contacter certains studios avec qui j’avais échangé ce jour-là, ainsi que d’autres que j’avais déjà repéré auparavant. J’ai aussi repris contact avec le studio dans lequel j’ai fait mon stage un an plus tôt, à la suite de quoi un entretien a été rapidement planifié. J’ai passé l’entretien début novembre durant lequel un des superviseurs m’a parlé du projet sur lequel j’allais travailler si je décidais de les rejoindre. La proposition n’était que pour avril mais le projet m’a donné très envie de travailler dessus. J’ai donc décidé d’accepter l’offre.

Dans mon cas, ça n’a donc pas été spécialement compliqué. Mon stage s’était très bien passé et l’équipe souhaitait me reprendre une fois mon diplôme obtenu. Donc connaissant déjà l’équipe, c’est allé assez vite après les avoir recontacté. Le plus long ça a été l’attente jusqu’au début du travail au final !

QUEL EST TON POSTE ACTUEL ET EN QUOI CONSISTENT TES MISSIONS ?

C.M. : Je suis actuellement modeler au sein d’un studio d’animation londonien de séries/pubs et courts-métrages 3D et 2D.
Tout d’abord, j’ai eu un contrat d’un mois pour venir en renfort en tant que character artist sur une série cartoon puis j’ai changé de projet pour une période de plusieurs mois au sein de ce même studio. Mes missions consistent principalement à modéliser, mais aussi texturer/shader des environnements/props et personnages. C’est super sympa de toucher un peu à tout !

Keyshot, Service Après Vie

R.P.N. : Aujourd’hui je suis donc animateur 3D chez Sola Digital Arts à Tokyo. Le projet sur lequel je devais travailler a été repoussé, mais j’ai pu tout de même commencer sur un autre projet du studio. Je travaille donc en ce moment sur la seconde saison de la série Ultraman pour Netflix.

Sur la série, l’animation se fait avec une base en motion capture, c’est-à-dire que des acteurs et cascadeurs équipés de combinaisons jouent les scènes dans un studio dédié. Les données sont récupérées sur ordinateur, puis l’équipe de layout s’occupe de placer les personnages dans les décors selon les scènes. Suite à ça, les données récupérées n’étant pas parfaites, l’équipe d’animation (dont je fais partie) s’occupe d’améliorer l’animation enregistrée en modifiant les poses, le timing, le spacing… Puis, s’il s’agit d’une scène d’acting où plusieurs personnages vont parler par exemple, je dois animer le visage des personnages en partant de zéro cette fois. Pour les dialogues, je m’occupe également de la synchronisation entre les bouches des personnages et leurs lignes de dialogue.

PEUX-TU NOUS RACONTER TES PREMIERS PAS DANS L’UNIVERS PROFESSIONNEL ?

C.M. : Ma toute première expérience dans l’univers professionnel s’est faite lors de mon stage de 8 semaines à la fin de la 2e année de l’ESMA. J’y avais fait du design, de la modélisation et du surfacing. Après avoir obtenu mon diplôme, je n’ai fait aucun autre stage et ai directement commencé à travailler en tant que freelance dans un autre studio.

R.P.N. : Mes premiers pas dans l’univers professionnel étaient donc pendant mon stage. C’était surtout un gros dépaysement ayant fait mon stage au Japon ! Heureusement le studio m’a énormément accompagné une fois sur place et notamment dans la recherche d’appartement. Dans le studio, la plupart de l’équipe était japonaise et très peu parlaient anglais. Mais ne parlant pas japonais, une interprète m’accompagnait à chaque échange avec l’équipe. J’ai commencé par faire de la modélisation de véhicules avant de passer à de l’animation sur la série Ghost in the Shell SAC_2045. Le travail était assez libre, bien qu’en étroite relation avec le reste de l’équipe et notamment le directeur d’animation. La modélisation et l’animation se faisant sur Maya au studio, pas de gros dépaysement niveau logiciel par rapport à l’école.

extrait du court métrage the other me esma
Extrait, The Other Me

COMMENT AS-TU VÉCU CETTE ENTRÉE DANS LE MONDE PROFESSIONNEL ? CELA CORRESPONDAIT À TES ATTENTES ?

C.M. : Si j’ai été relativement déçue par mon stage, j’ai adoré ma première expérience en tant que junior. J’avais effectivement des attentes concernant l’entente et le travail d’équipe, la communication et l’organisation du studio, mais j’ai été agréablement surprise ! Quant aux projets en eux-mêmes, ça m’a fait un peu bizarre au début de ne pas travailler sur des pré-productions auxquelles j’avais participé, comme c’était le cas pendant ma formation à l’ESMA. Je craignais un peu de ne pas avoir beaucoup de liberté de création puisque je rentrais dans le monde professionnel en tant qu’artiste 3D spécialisée mais, finalement, le fait de pouvoir se focaliser principalement sur une tâche permet de l’approfondir et de se permettre plus de réflexion créative.

Autrement, avec le confinement, ma première expérience de travail reste néanmoins bien différente de ce que j’aurais pu imaginer comme elle s’est faite à distance. Je ne m’attendais pas à avoir autant de réunions par exemple, mais ça ne m’a pas déplu : l’ambiance est top et même si on parle du projet, la discussion peut être parsemée de rires qui relancent bien la dynamique de groupe.

R.P.N. : Je ne pense pas que j’avais d’attentes particulières du monde professionnel par rapport à notre expérience sur le film de fin d’études. Nous sommes plus nombreux sur le projet et toute la préproduction a déjà été faite, il y a donc un certain style d’animation à respecter, ce qui m’a demandé un temps d’adaptation. Mais cela restera sûrement la même chose à chaque changement de projet et d’équipe !

QU’AS-TU RESSENTI ? COMMENT AS-TU VÉCU CE PASSAGE D’ÉTUDIANT À PROFESSIONNEL ?

C.M. : Au tout début, ma capacité d’attention était extrême parce qu’il fallait assimiler et comprendre toute le pipeline du studio, ce qui était relativement fatiguant. Mais une fois cette « épreuve » passée, je me suis sentie très à l’aise. J’ai eu la chance de faire partie d’une petite équipe avec qui je m’entendais très bien et dont le lead était très à l’écoute et prêt à aider en cas de problème. Selon les studios, la communication entre les départements est plus ou moins « réglementée » mais dans tous les cas, elle reste essentielle à tout point de vue. Ce point-là ne diffère pas de ce que nous avons expérimenté à l’ESMA pendant la réalisation de notre film de fin d’études : peu importe le travail en équipe, c’est avant tout de l’entraide et beaucoup de communication !

Illustrations, Service Après Vie

R.P.N. : Le passage d’étudiant à professionnel s’est fait assez naturellement au final. Les manières de travailler restent très proches de celles que avions à l’école lors de projets en groupe et sur le film de fin d’étude. L’équipe et le projet sont évidemment plus grands, il est donc un peu plus compliqué d’avoir une vision globale, ce qui rend la communication entre les équipes et les différentes hiérarchies d’autant plus importantes.

Le travail d’animateur en soit reste le même, mais c’est très cool d’animer une plus grande diversité de personnages. Les échanges avec l’équipe sont aussi très enrichissants, on se rend compte qu’on a encore beaucoup à apprendre.

QU’EST-CE QUE ÇA FAIT DE TRAVAILLER SUR DES PROJETS PROFESSIONNELS ?

C.M. : C’est vraiment génial de travailler sur des projets professionnels, de créer des univers avec l’aide d’une grande équipe passionnée et de véhiculer des messages à un public visé. Comme pour tout, il faut faire attention aux deadlines du projet et être patient. Avec un budget et un client, on peut se sentir parfois plus sous pression et finir par effectuer quelques heures supplémentaires, connaître des petits rush dont on se passerait bien ; mais si l’organisation et la communication sont solides, le plus gros du temps de travail sur le projet n’est que que du bonheur et on se sent fier de voir le résultat final.

Keyshot, The Other Me

R.P.N. : C’est assez gratifiant de pouvoir participer à de gros projets. On se rend compte que tout ce qu’on regardait jusqu’à présent a été fait auparavant par des équipes et qu’il nous est maintenant possible de rejoindre ces projets pour y participer ! La seule chose qui me manque c’est la liberté de travailler sur un projet plus personnel. Pour cette raison, je continue de travailler (lentement) sur des petits projets perso quand j’en ai le temps.

APRÈS CES QUELQUES MOIS POST-ÉCOLE, QUEL REGARD JETTES-TU EN ARRIÈRE ? SUR TA FORMATION ET L’ESMA ?

C.M. : Je dirais que l’expression « Qui peut le plus peut le moins » prend beaucoup de sens dans ce contexte ! La formation généraliste proposée par l’ESMA, qui demande énormément de travail, de motivation et de rigueur, apporte un réel atout par la suite. Je suis contente d’avoir suivi une formation aussi complète puisque désormais spécialisée, j’ai néanmoins un gros bagage de généraliste et suis capable de voir plus loin que mon département, ce qui permet de comprendre les enjeux avec aisance mais aussi, d’apporter une vision plus large à ma propre équipe si nécessaire. Comprendre les responsabilités de chacun peut être un très bon avantage pour anticiper et ainsi garantir une efficacité dans son travail.

extrait du film service après vie esma
Extrait, Service Après Vie

R.P.N. : Je suis très content de ma formation passée à l’ESMA. D’abord pour les expériences qu’elle m’a apporté (autant humaines que techniques et créatives), puis pour tout ce qu’on nous a appris. La dernière année à travailler en équipe sur le film a également été une expérience très forte et très enrichissante. Je suis aussi content d’avoir appris toutes les étapes de production d’un film d’animation 3D, ce sont des compétences qui pourront me resservir à l’avenir et me permettent d’avoir une vision plus globale de la production lorsque je travaille sur un projet professionnel en contact avec le reste de l’équipe. Les logiciels et les méthodes de travail enseignées à l’école sont aussi très proches de celles des studios professionnels, ce qui rend la transition plus fluide entre les deux.

QUID DU COVID ET DU NOUVEAU CONFINEMENT, CELA A-T-IL EU UN QUELCONQUE IMPACT POUR TOI ?

C.M. : J’ai été entièrement impactée par la situation sanitaire car lorsque j’ai été embauchée en Angleterre, le confinement et les restrictions battaient leur plein, ce qui m’a valu de travailler à distance pendant plusieurs mois. Cependant, le studio dans lequel je travaille avait déjà mis en place une excellente organisation et c’était très facile de communiquer et de travailler à distance avec mes collègues en Angleterre.

Line up personnages Pims, The Other Me

R.P.N. : Oui, le covid a eu un impact important sur mon travail. En novembre j’avais donc accepté de rejoindre Sola Digital à Tokyo pour avril prochain (2021). Mais fin décembre, le Japon a décidé de fermer à nouveau ses frontières aux travailleurs et étudiants étrangers. Je me retrouvais donc dans une situation un peu incertaine, autant de mon côté que du côté du studio. Ne sachant pas trop quoi faire, ça n’a pas été une période facile. Heureusement, le studio a accepté de me prendre en télétravail malgré le décalage horaire important et les contraintes matérielles que cela implique.

Je travaille donc depuis chez moi avec un contact régulier avec mon superviseur et le directeur d’animation. Ce qui m’intéressait beaucoup en démarrant dans le milieu professionnel, en plus de travailler sur des projets importants, c’était de rejoindre une nouvelle équipe et de me retrouver dans un nouvel environnement (d’autant plus au Japon), chose que la situation empêche. Mais bon, cela attendra le temps qu’il faudra maintenant ! Je trouve tout de même incroyable de pouvoir rejoindre une production qui se déroule à l’autre bout du monde depuis ma chambre !

ET TES PROCHAINS MOIS, OU L’ANNÉE À VENIR, COMMENT TE PROJETTES-TU POUR LA SUITE ?

C.M. : En toute honnêteté, je ne me projette pas beaucoup ! C’est un peu compliqué avec les temps actuels. J’aspire à participer à d’autres projets bien chouettes et de m’épanouir au sein d’une belle équipe, que ce soit en présentiel dans mon studio actuel ou encore ailleurs. Ma première expérience de travail m’a néanmoins aidée à comprendre mes préférences et je crois réellement avoir un petit point faible pour la création des personnages en 3D… à voir pour la suite donc !

R.P.N : Du coup dans les prochains mois j’espère surtout que la situation se débloque un peu et me permette de me rendre sur place à Tokyo. Aussi, une fois la production de la série sur laquelle je travaille actuellement se terminera, je devrais commencer à animer sur un projet plus important et sur lequel j’ai hâte de travailler !

Attitudes Gaspard poisson, Service Après Vie

COMMENTAIRE LIBRE

C.M. : Quand on rentre dans le monde professionnel, on devient un poussin qui a encore de nombreuses choses à apprendre. La formation à l’ESMA constitue les prémices de notre apprentissage de la 3D car finalement, les logiciels évoluent si vite que nous avons toujours de nouvelles choses à découvrir. On peut être quelque peu déboussolé et effrayé à l’idée de demander conseil à plus expérimenté que nous mais il ne faut surtout pas hésiter car c’est de cette façon qu’on évolue, qu’on apprend et qu’on devient encore plus à même de dépasser ses propres limites de création. Je remercie mes professeurs qui m’ont permis d’arriver dans le monde du travail en tant que petit poussin, mais avec des bagages solides !

 

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Cycle Pro Cinéma d’Animation 3D & Effets Spéciaux

Audrey Rioux & Adrien Chauvet

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Philippe  Nurdin & Yann Orhon

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Vous pouvez retrouver les films & teasers de la promo 2020 sur notre chaîne Youtube ESMA MOVIES.

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