Premiers pas dans la vie active – Audrey Rioux & Adrien Chauvet
Actualités . 16 Juil. 2021
Cela pourrait être hier mais leur jury de fin d’études s’est déroulé il y a presque un an. Depuis ces mois passés, nos jeunes diplômés ont parcouru du chemin. Adrien Chauvet, rigging artist, et Audrey Rioux, animatrice 3D, nous parlent de leur entrée dans le monde du travail depuis l’obtention de leur diplôme de Cinéma d’Animation 3D et Effets Spéciaux.
Rencontre avec Adrien Chauvet, co-réalisateur du film Quand les poules auront des dents, et d’Audrey Rioux, co-réalisatrice du film Le roi tulipe tous deux diplômé de la formation Cinéma d’Animation 3D et Effets Spéciaux. Ils évoquent leur entrée dans le monde du travail, le premier est resté sous le soleil méditerranéen, dans la ville de Montpellier, et pour la seconde, elle s’est envolée au pays de la feuille d’érable !
Comment s’est passée ta recherche d’emploi ?
Adrien Chauvet (A.C.) : Elle s’est passée de manière assez fluide, j’ai d’abord pris un peu de repos après le diplôme, puis j’ai rapidement été contacté par mon ancien maître de stage pour travailler sur du rig de personnages. J’ai complété mon premier ‘contrat’ d’un mois puis j’ai fui cette boîte le plus vite possible haha. J’ai ensuite eu une période vide pendant les fêtes et j’ai finalement été embauché en début d’année dans mon entreprise actuelle.
Keyshot Quand les poules auront des dents
Audrey Rioux (A.R.) : Les recherches ne furent pas très simples. J’ai envoyé beaucoup de demandes, pour la plupart à l’étranger, et souvent sans réponse. Je voulais vraiment voyager après l’ESMA malgré cette période difficile. J’ai pris mon temps pour me ressourcer après cette année de production intense. Début Janvier j’ai postulé au Canada et j’ai eu la réponse à la fin du mois. Pour obtenir le visa et organiser mon départ et mon installation avec le Covid ce fut compliqué mais en mars j’étais dans l’avion, direction Vancouver !
Quel est ton poste actuel et en quoi consistent tes missions ?
A.C. : Je travaille actuellement chez The Beast Makers à Montpellier où je fais principalement du rig de personnages et également de la R&D.
Le roi et la gouvernante, Le roi tulipe
A. R. : Je suis animatrice 3D à Icon Creative Studio où je travaille sur la série Alice Wonderland Bakery qui sortira bientôt sur Disney +. C’est juste génial de pouvoir animer les personnages de son enfance ! J’aimerais par la suite me spécialiser dans l’animation de créature, c’est une super opportunité de pouvoir animer toutes les petites bestioles de cet univers ! Le rythme est assez intense vu que c’est de la série mais extrêmement enrichissant. J’ai une superbe équipe, une superbe ambiance qui me pousse à m’améliorer tous les jours ! Ma mission consiste à donner vie aux personnages de la série ! J’anime tous les personnages, de la jolie petite Alice à d’autres créatures plus chouettes les unes que les autres !
Alice Wonderland Bakery
Comme il s’agit d’une série pour enfants, j’ai des consignes à respecter. Par exemple, si un personnage se trouve près du four, on doit lui mettre des moufles pour montrer le bon exemple aux enfants qui regarderont cette série ! Je trouve ça juste génial ! Ce que j’aime le plus, c’est que chaque personnage à sa personnalité, et donc sa façon de bouger, de réagir face à une situation. Je peux me glisser dans la peau du personnage et le comprendre pour lui donner vie à l’écran !
Peux-tu nous raconter tes premiers pas dans l’univers professionnel ?
A.C. : Ma toute première expérience professionnelle s’est faite en République Tchèque avec 2 amis pour un stage de 2 mois. J’ai beaucoup appris pendant cette période. Nous ne travaillions pas sur les prods du studio donc nous avions beaucoup de temps libre pour nous entraîner ensemble.
Expressions poulet, Quand les poules auront des dents
A. R. : J’ai eu la chance de faire deux stages pendant mes études à l’ESMA qui m’ont aidé à appréhender l’organisation au sein d’un studio.
Malgré tout, C’est assez frustrant d’envoyer de nombreux mails, lettres de motivation, CV… un peu partout et de voir sa boîte mail vide encore et encore. En période Covid ce n’était pas évident non plus mais avec de la persévérance, on finit par trouver le job où s’épanouir ! J’ai pris du temps pour me retrouver, profiter de ma famille, mes proches mais je continuais d’animer par-ci par-là. J’ai également continué les projets perso avec des amis et je renforce ma passion pour l’animation de jour en jour !
COMMENT AS-TU VÉCU CETTE ENTRÉE DANS LE MONDE PROFESSIONNEL ? CELA CORRESPONDAIT À TES ATTENTES ?
A.C. : C’est un point important pour moi car le monde professionnel n’est pas tout le temps rose. J’ai été déçu de voir la malhonnêteté de certaines personnes, voulant profiter de jeunes diplômés à moindres frais. Il est important de se renseigner au préalable pour être conscient de ce que l’on nous propose. Je ne me suis pas senti assez armé face aux différents statuts possibles dans l’industrie, savoir comment se vendre face à un recruteur et éviter les arnaques.
Rough Le roi tulipe
Qu’as-tu ressenti ? Comment as-tu vécu ce passage d’étudiant à professionnel ?
A.C. : Le fait de se retrouver seul à devoir se vendre pour des entreprises est un changement très formateur. Je n’ai pas la fibre commerciale mais c’est important de savoir ce que l’on vaut et ce que l’on peut apporter aux entreprises tout en gardant les pieds sur terre.
A. R. : Quand j’ai reçu ce fameux mail avec mon contrat, j’étais si heureuse ! J’ai eu peur de partir aussi loin, sans savoir quand je pourrais rentrer en France, quand ma famille pourra venir me voir à cause de ce maudit Covid mais je ne regrette pas d’être partie. J’ai vraiment un cadre idéal et un métier qui me passionne et tout ça est bien au-delà de mes attentes !
Qu’est-ce que ça fait de travailler sur des projets professionnels ?
A.C. : Le prestige de pouvoir dire que l’on travaille sur des projets secrets haha ! Blague à part, les productions rapides me permettent de voir des concepts variés (court-métrage, jeux vidéos, publicité etc.) et d’apprendre tous les jours de nouvelles choses, même si les délais sont rapides et que c’est parfois frustrant de ne pas pouvoir rajouter tout ce que l’on a en tête.
Extrait du film Quand les poules auront des dents
A. R. : C’est très excitant ! J’aime travailler sur différents épisodes, voir les personnages évoluer ! C’est vraiment un plaisir de tout donner pour un projet qui sortira sur Disney +.
Après ces quelques mois post-école, quel regard jettes-tu en arrière ? Sur ta formation et l’ESMA ?
A.C. : En plus des capacités techniques que l’école nous a transmise, on a également été formés à apprendre et à chercher par nous-même, à prendre des initiatives. L’entreprise où je suis actuellement me donne beaucoup de libertés et c’est très plaisant.
Extrait du film Le roi tulipe
A.R. : Cela va faire bientôt 3 mois que je travaille à Icon et je suis fière et très reconnaissante de tout mon apprentissage à l’ESMA.
L’ESMA nous forme bien et nous donne la chance de travailler sur plusieurs projets de groupes. Le travail d’équipe est vraiment très important, que cela se passe bien ou mal, cela nous apporte une expérience et nous forge pour la suite. Je suis également vraiment reconnaissante de nos professeurs qui nous ont transmis leur passion. L’ESMA c’est un héritage, j’ai souvent reçu de l’aide d’amis de promos supérieures et tout ça me donne aujourd’hui l’envie de partager à mon tour ce que j’ai appris et aider les promos suivantes ou mes futurs collègues ! Il y a des moments difficiles à l’ESMA, gros rush, pleins de projets en même temps, à ne plus savoir où donner de la tète, mais tous ces sacrifices et ces années charnières m’ont conduits là où je suis aujourd’hui ! Courage aux étudiants actuels, ne lâchez rien !
Quid du covid et du nouveau confinement, cela a-t-il eu un quelconque impact pour toi ?
A.C. : Depuis le diplôme, j’ai toujours travaillé en télétravail. Malgré les avantages de ne pas se déplacer et de pouvoir aménager ses journées, le manque de contact se fait ressentir. Heureusement, l’entreprise vient tout juste d’emménager dans de nouveaux locaux et on va bientôt pouvoir travailler en présentiel.
Extrait Quand les poules auront des dents
A.R. : J’ai eu beaucoup, beaucoup, beauuucoup de chance de pouvoir partir au Canada en Mars. En temps normal, tous les papiers à faire et passer les frontières ce n’est pas évident mais avec le Covid, mon installation à Vancouver n’était pas des moindres… entre hôtel obligatoire, quatorzaine, les p’tits test dans les narines à faire et refaire, trouver un logement, et commencer le job le tout en Anglais. Bon… bah on est là quoi ! Je m’en souviendrai longtemps !
Je pense que le plus embêtant c’est le télétravail. Je suis actuellement en télétravail. J’apprécie de travailler de chez moi, j’ai trouvé mon rythme de travail mais je regrette de n’avoir toujours pas rencontré réellement mon équipe. On fait des visios, des Zoom le midi, pour manger ensemble… chacun devant son écran mais bon, c’est déjà ça. On communique beaucoup via les réseaux mais c’est vrai qu’en animation, ça me manque de ne pas être en vrai pour mimer l’action du personnage avec ma supérieure. J’aime énormément communiquer et comprendre les enjeux et les attentes et c’est un peu frustrant de tout expliquer derrière un écran. Mais bon encore une fois, il y a des solutions à tout et l’organisation au sein de mon équipe est top ! Vivement le retour au studio ! Ce n’est pas simple non plus pour le lipsync (la synchronisation labiale), l’anglais n’étant pas ma langue maternelle. La liaison entre 2 syllabes n’est pas forcément évidente parfois, mais encore une fois c’est vraiment génial pour apprendre la langue ! Et pour le coup bien articuler !
Rough, Le roi tulipe
Et tes prochains mois, ou l’année à venir, comment te projettes-tu pour la suite ?
A.C. : Je n’ai pas encore de réponse fixe, mais je suis toujours à la recherche de projets ambitieux. J’aimerais beaucoup partir à l’étranger dans les prochaines années et découvrir le travail dans une grande entreprise.
A.R. : Je suis vraiment tombée amoureuse de Vancouver. J’aime mon travail, j’ai fait de très belles rencontres ici et Vancouver offre vraiment un cadre idéal. Un climat à peu près comme chez nous, et bonus : il y a la mer, ET montagnes ! Aux moindres rayons de soleil, après le travail ou les week-ends, je pars explorer les horizons et j’en prends plein la vue. J’ai la sensation d’être en vacances tous les jours !
Je ne sais pas de quoi est fait l’avenir, j’aime me dire que j’irais où le vent m’emmènera. Je suis prête à faire le tour du monde, à rechercher des studios où la joie et la bonne humeur règnent ! Pour le moment je vais rester au moins un an à Vancouver, mais si je peux rester plus longtemps, je resterai avec plaisir ! En ce qui concerne les projets, pour le moment je travaille sur de la série mais j’aimerais travailler sur des longs-métrages par la suite, ou encore, pourquoi, pas dans les jeux vidéos.
Photos personnelles d’Audrey rioux, Canada.
commentaire libre
A.C. : Merci bisous 🙂
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