Les films de l’ESMA partent à la rencontre des enfants du Sri Lanka
Actualités . 09 Mar. 2020
Apporter de la magie et un peu de bonheur ne demande pas grand-chose. A vrai dire, un drap, un projecteur ainsi qu’une playlist de quelques films. C’est ainsi que l’association La Petite Luciole a parcouru le Sri Lanka pour apporter le cinéma auprès d’enfants qui ne l’avaient jamais connu. Rien de plus banal dans nos sociétés mais une vraie découverte pour ces enfants. Erwan le Roux, qui est à l’initiative du projet, nous raconte cette extraordinaire aventure.
Plus qu’un prix, une récompense humaine
Notre école participe régulièrement à de multiples projets. Pourtant, il y en a certains qui ont le don de nous toucher plus à cœur. C’est ce qui s’est passé avec le projet mené par Erwan Le Roux, directeur de la Savonnerie d’Armor – localisée à Saint-Brieuc en Bretagne – et initiateur du projet « La Petite Luciole ».
Il y a quelques mois de cela, Erwan contacta l’ESMA avec un magnifique projet en tête : celui d’organiser des projections de films gratuites aux enfants défavorisés dans des pays dit en voie de développement. Et pour mener à bien cette initiative, pas de gros moyens sont nécessaires, juste un peu d’imagination et de débrouillardise : un petit projecteur léger et facilement transportable, un drap en guise d’écran et quelques tendeurs pour l’accrocher. Voilà comment réaliser un cinéma éphémère et itinérant !
Et c’est au Sri Lanka, qu’Erwan est parti à la rencontre des populations locales. Aidé par une agence de voyage pour établir son périple puis par des guides locaux une fois sur place, c’est ainsi qu’il a pu porter le cinéma auprès de ces enfants. Et la magie du septième art opéra !
Il a sélectionné en tout sept courts-métrages d’animation réalisés par nos étudiants. Ce nombre a été déterminé par l’autonomie de la batterie. En effet, Erwan à joué la carte de la prudence ne sachant pas forcément s’il lui serait possible de recharger régulièrement la batterie de son projecteur. Concernant les histoires, le choix s’est porté sur des scénarios ludiques, sans signes religieux ou de messages politiques et de préférence sans paroles.
Nous avons rencontré Erwan à la fin de son périple pour qu’il nous raconte cette expérience unique, forte en émotion et intense. Un moment mémorable comme il le qualifie lui-même.
Vous pouvez revivre l’aventure d’Erwan depuis la page Facebook de la Savonnerie d’Armor, qui a été le sponsor de l’événement.
Interview d’Erwan le Roux
Comment vous est venu ce projet de présenter les films de l’ESMA à des enfants ?
Il y a environ 20 ans je travaillais à côté de Carcassonne où j’étais pompier volontaire dans une petite caserne située à Bram. Avec un ami pompier nous avions pour projet de partir au Maroc en 2 Chevaux pour visiter le pays, projeter des films en itinérance en plein désert et demander l’hospitalité des locaux pour trouver ou dormir. Le projet ne s’est pas fait plus par manque de temps.
Pourquoi avoir contacté l’ESMA ? Connaissiez-vous l’ESMA ? Comment avez-vous eu connaissance de notre école ?
Une des difficultés pour réaliser ce projet a été de trouver des films d’animation libres de droits. J’ai fait un an de recherches infructueuses en passant des coups de téléphone partout en France jusqu’à réaliser que les étudiants d’écoles produisaient des courts-métrages. Je me suis dit que ce projet permettrait de valoriser leur travail et de mettre en avant l’école. J’ai remarqué sur internet que le nom de l’ESMA figurait souvent en bas des films d’animation disponibles sur YouTube et donc j’ai contacté l’école !
Comment avez-vous organisé votre voyage / projection ?
Le voyage a été organisé par Terre d’Aventure sans qu’ils sachent que j’avaient le projet de projeter des films pour enfants le soir. Terre d’aventures est une agence de voyage spécialisée dans « le voyage à pied ». J’ai découpé un drap et placé des œillets dans les 4 coins et acheté 4 tendeurs pour réaliser un écran. Aujourd’hui la technologie permet de disposer d’un tout petit projecteur tenant dans un sac à dos, équipé de diodes et d’une batterie performante garantissant une autonomie d’environ trois heures. Les clés USB ont une capacité de mémoire importante ce qui permet de stocker les films. Je peux ainsi projeter un film sur un écran de 4 mètres de diagonal en full HD avec un super son.
Comment avez-vous sélectionné les lieux de projection ?
Ce fût des opportunités au cours du voyage. J’ai expliqué mon projet à notre guide en lui projetant une première fois les films sur les murs de l’hôtel. Le guide a alors prévenu le responsable du village et le responsable du monastère par téléphone deux jours avant mon arrivée. Tous les enfants ont alors été informés de la projection.
Pouvez-vous nous raconter les projections auprès des enfants ?
La première projection a eu lieu en plein air dans les Monts Knuckles au centre du Sri Lanka. La projection était prévue au coucher du soleil à 18H30 mais dès 17H, à notre arrivée au gîte, tous les enfants étaient déjà là, très très impatients ! Les adultes sri lankais étaient intrigués de savoir qui était le « monsieur cartoons » ! J’ai installé le drap qui servit d’écran sur la façade d’une maison et j’ai demandé à tous enfants d’apporter leur chaise pour réaliser ma première salle de cinéma en plein air.
Arriva l’heure tant attendue. Lorsque le projecteur s’alluma, il n’eut plus un bruit parmi les enfants. La magie du cinéma opéra et tous les enfants furent captivés par les films d’animation et rigolèrent beaucoup. Après les projections les enfants repartirent heureux avec des bonbons distribués en cours de projection. Le lendemain un vieux monsieur qui n’avait jamais assisté à une projection de cinéma était si heureux qu’il ne voulait plus me laisser partir !
Vous avez fait une projection auprès d’enfants moines. avaient-ils déjà vu ce type de film ? Comment cela s’est-il passé ? Etait-ce compliqué d’intervenir dans un monastère ?
Cela n’a pas été problématique car il était prévu par l’agence de voyage que nous dormions dans le monastère. Les enfant (entre 6 et 12 ans) n’avaient jamais vu une telle projection. Ils étaient totalement captivés par les 7 films et immensément sages. Ils ont bien rigolé pendant les films. Le lendemain matin, au lever, ils m’attendaient pour revoir « le monsieur cartoons ».
le film la vie en vert était parlé, donc en français. Y a-t-il eu une barrière à cause de la langue ?
En effet, il était préférable de ne pas avoir de film parlé au risque que les enfants ne comprennent pas bien le film. Mais ce film était très drôle et très dynamique donc il a été retenu. Je me suis rendu compte qu’il fallait également sélectionner les films en fonction de la destination du voyage, certains films n’auraient pas été compris par le public Sri Lankais car trop éloigné de ce qu’ils connaissent. Par contre le film « Un éléphant dans un magasin de porcelaine » a été le préféré de tous les enfants car l’éléphant est sacré au Sri Lanka.
Comment avez-vous vécu cette expérience ?
C’est simplement magique car cela crée la surprise, l’émerveillement chez les enfants et leur ouvre d’autres horizons. C’était une immense satisfaction de voir un projet longtemps imaginé se concrétiser et créer le sourire sans attendre aucun retour.
Avez-vous une anecdote, un fait marquant à partager avec nous ?
Le projet a été baptisé « La petite Luciole » en France et après la toute première projection quand nous sommes revenus au gîte le ciel était rempli de lucioles qui clignotaient partout ! Si c’est pas de la magie !
Pensez-vous renouveler ce projet ?
Oui assurément ! Je peux emmener le projecteur, la clé USB, le drap et les tendeurs, c’est si simple, peu encombrant, ça ne coûte rien et ça procure tellement de bonheur alors pourquoi ne pas renouveler l’expérience.
J’ai d’autres projets de voyages en Tanzanie ou à Madagascar. Dans ces pays il n’y a pas souvent la télévision donc l’effet magique du cinéma sera encore plus grand.
Bravo à Erwan pour cette magnifique initiative ! Nous lui souhaitons bonne chance pour ses prochains voyages, qu’ils soient aussi riches que celui-ci !